continuelles, ne m’ont pas laissé un moment dont je pusse disposer.
Je m’attendais bien que le maréchal de Richelieu se mettrait à la tête de la faction pour le nasillonneur[1]. Il m’avait fait entendre, dans une de ses lettres, qu’il aimait mieux me servir dans mes amours que dans mes aversions. Il a passé sa vie à me faire des plaisirs et des niches, à me caresser d’une main et à me dévisager de l’autre ; c’est sa façon avec les deux sexes. Il faut prendre les gens comme ils sont. Je lui ai écrit pourtant[2], et j’avoue ma honte à M. Gaillard[3]. J’espère qu’après tout notre homme trouvera à qui parler. Il ne fera qu’en rire ; mais tout en plaisantant, sa faction aura le dessous, et cela est fort amusant. Si je vis, je dirai deux mots à l’ami Le Bault : chaque chose vient en son temps.
Adieu, mon cher philosophe ; adieu, l’honneur des lettres. Mme Denis est enchantée, comme moi, de votre discours.
Mon héros passe sa vie à m’accabler de bontés et de niches. On me mande qu’il est à la tête d’une faction brillante contre M. Gaillard. Je le supplie de descendre un moment du grand tourbillon dans lequel il plane, pour considérer que M. Gaillard travaille au Journal des Savants depuis vingt-quatre ans, qu’il a remporté des prix à l’Académie, qu’il a fait l’Histoire de François Ier, laquelle est très-estimée, et qu’il n’a fait ni les Fétiches, ni les Terres australes.
Je supplie notre respectable doyen, le neveu de notre fondateur, de ne pas contrister à ce point ma pauvre vieillesse toute décrépite. Je sais bien qu’il ne fera que rire de mes lamentations, et qu’il se moquera de moi jusqu’au dernier moment de ma vie. Mon héros est très-capable de me venir voir, et de m’accabler de plaisanteries. Il daigne m’aimer depuis longtemps, et me tourner parfois en ridicule. Je suis accoutumé à son jeu, et il sait que je supporte la chose avec une patience angélique.
Il me reproche toujours des chimères, des préférences qu’il