Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome47.djvu/279

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
569
ANNÉE 1770.

chez lesquels ils ont été, qui ne revoient leurs sujets que pour les rendre heureux, pour en être chéris, et pour les venger des barbares.

Je suis près de finir ma carrière, lorsque Votre Majesté en commence une bien éclatante. L’honneur qu’elle daigne me faire répand sur mes derniers jours une félicité que je ne devais pas attendre. Je sens combien il est flatteur de finir par avoir tant d’obligations à un tel monarque.

Je suis avec le plus profond respect et la plus vive reconnaissance, etc.

8105. — À M. BERTRAND.
Ferney, 3 décembre.

Mon cher philosophe, on peut tirer une très-bonne quintessence de la grosse bouteille que vous m’avez envoyée. Sans précision et sans sel on ne tient rien. Le monde est rassasié de dissertations sur le monarchique, le démocratique, le métaphysique, le poétique, et le narcotique.

Si Bayle faisait son dictionnaire, son libraire serait ruiné.

Je vous prie de me mander si l’Encyclopédie in-4° réussit ; s’il y a des additions considérables ; si elle mérite qu’on l’achète, ou s’il faut s’en tenir à ne pas multiplier les êtres sans nécessité. Vale. V.

8106. — DE FRÉDÉRIC II, ROI DE PRUSSE.
Potsdam, 4 décembre[1].

Je vous suis obligé des beaux vers joints à votre lettre[2]. J’ai lu le poëme[3] de notre confrère le Chinois, qui n’est pas dans ce qu’on appelle le goût européen, mais qui peut plaire à Pékin.

Un vaisseau revenu depuis peu de la Chine à Emden a apporté une lettre en vers de cet empereur[4] ; et comme on sait que j’aime la poésie, on me l’a envoyée. La grande difficulté a été de la faire traduire ; mais nous avons heureusement été secondés par le fameux professeur Arnulphius Enserius Quadrazius. Il ne s’est pas contenté de la mettre en prose, parce qu’il

  1. Le 5 décembre 1770. (Œuvres posthumes.)
  2. L’Épître au roi de la Chine (voyez tome X, page 412), était jointe à la lettre 8087.
  3. Éloge de la ville de Moukden, tome XXIX, page 451 ; et ci-dessus, page 154.
  4. Vers de l’empereur de la Chine sur son poëme de la ville de Moukden, dans les Œuvres posthumes de Frédéric II. Beuchot a de la peine à croire que ce soit de ces Vers que Voltaire veut parler dans le second alinéa de la lettre 8137.