Religieuse ? avez-vous pleuré ? avez-vous vu l’opéra-comique[1] de Marmontel ? comment vous portez-vous tous tant que vous êtes ? J’ai une enflure à la gorge qui n’est point du tout plaisante au milieu de quarante ou cinquante lieues de neige. Sur ce, je vous donne à tous ma bénédiction.
M. Tabareau et M. Vasselier savent sans doute ce qui se passe à Genève : on y assassiné dans les rues des vieillards de quatre-vingts ans et des femmes grosses ; la sainte cité est devenue un enfer. Grâce au ciel, on ne voit point de pareilles horreurs à Lyon.
Je réciterai pour vous la prière des voyageurs ; je ne cesserai de demander au ciel qu’il vous rende l’argent que vous avez perdu au billard[2]. J’espère tout obtenir par l’intercession de mon confrère saint Cucufin.
Je vois que vous n’étiez pas instruit de ma fortune. Non-seulement je suis père temporel des capucins de Gex, mais j’ai l’honneur d’être capucin moi-même. J’ai droit de porter le cordon et l’habit ; j’ai reçu ma patente de notre révérend père général Amatus d’Alamballa[3], à qui sans doute vous vous êtes confessé quand vous étiez à Rome.
[4]J’avais écrit, il y a quelques semaines, à M. de La Borde, qui avait eu lui-même la bonté de placer en rescriptions toute la fortune dont je pouvais disposer ; je crois qu’il a été si embarrassé pour lui-même qu’il ne m’a point encore fait de réponse ; il attend apparemment qu’il y ait quelque chose de décidé. On m’avait écrit, il y a quelques mois, que M. de La Borde était exilé ; mais je crois qu’il n’y a de banni que l’argent de la caisse d’escompte.
Permettez a votre bibliothécaire de demander justice contre toutes les lettres simples qu’on me fait payer doubles. Je suis d’ailleurs assassiné de lettres d’inconnus que je suis obligé de
- ↑ Sylvain, représenté le 19 février 1770.
- ↑ C’est-à-dire avec le caissier des postes nommé Billard.
- ↑ Voyez la lettre 7775.
- ↑ Ce qui suit est postérieur au 3 mars.