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Au reste, monsieur, soyez persuadé que votre approbation m’encourage beaucoup.

L’article dont je vous ai fait part[1], qui regarde la tolérance, ne sera rendu public qu’à la fin de l’été prochain.

Je me souviens de vous avoir écrit dans ma précédente ce que je pensais de la publication des pièces qui concernent l’archevêque de Novogorod : cet ecclésiastique a donné depuis peu encore une preuve des sentiments que vous lui connaissez. Un homme qui avait traduit un livre le lui porta ; il lui dit qu’il lui conseillait de le supprimer, parce que, dit-il, il contient des principes qui établissent les deux puissances.

Soyez assuré que, quelque titre que vous preniez, il ne nuira jamais chez moi à la considération qui est due à celui qui plaide avec toute l’étendue de son génie la cause de l’humanité.


6665. — À MADAME LA COMTESSE D’ARGENTAL[2].
À Ferney, 10 janvier.

Dans l’excès de ma douleur, madame, votre lettre a été pour moi d’une grande consolation. Il est vrai que cette douceur est encore empoisonnée par mes craintes : car quelle faveur a faite monsieur le vice-chancelier en faisant juger l’affaire par une commission dont le président peut la criminaliser ? Il est certain que si on lui avait parlé d’abord au lieu de lui écrire trop tard, l’affaire aurait été étouffée comme le demandait mon oncle dans ses premières démarches. M. d’Argental lui mande aujourd’hui qu’il lui a fallu du temps pour se bien assurer que c’était à monsieur le vice-chancelier qu’il fallait s’adresser : et à quel autre, madame, était-il possible de recourir, lorsqu’on mandait le 23 décembre que c’était à monsieur le vice-chancelier que le malheureux receveur de Collonges venait d’écrire en droiture ? Collonges est le premier bureau de France, et monsieur le vice-chancelier lui a donné depuis longtemps les ordres les plus rigoureux, de sa propre main. M. d’Argental reçut le billet avant que monsieur le vice-chancelier, occupé d’autres affaires, put recevoir le procès-verbal. C’était le cas de courir sur-le-champ à Versailles ; on arrêtait tout, on prévenait tout. Si M. d’Argental ne pouvait prendre sur lui de parler lui-même, c’était assurément le cas d’employer le crédit de M. le duc de Praslin.

Mme la duchesse d’Enville n’a rien fait, si elle s’est contentée

  1. Lettre 6393.
  2. Éditeurs, de Cayrol et François. — Cette lettre est écrite au nom de Mme Denis.