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CORRESPONDANCE.

Vous ne me disiez pas que M. et Mme de Beaumont avaient gagné pleinement leur cause. Il est juste, après tout, que le défenseur des Calas et des Sirven prospère. Je me flatte que le procès des Sirven sera rapporté.

J’ai lu les Pièces relatives[1]. Les Riballier et les Coger devraient mourir de honte, s’ils n’avaient pas toute honte bue.

Je ne sais qui m’a envoyé le Tableau philosophique du genre humain, depuis le commencement du monde jusqu’à Constantin[2]. Je crois en deviner l’auteur ; mais je me donnerai bien de garde de le nommer jamais. Je suis fâché de voir qu’un homme si respectueux envers la Divinité, et qui étale partout des sentiments si vertueux et si honnêtes, attaque si cruellement les mystères sacrés de la religion chrétienne. Mais il est à craindre que les Riballier et les Coger ne lui fassent plus de tort par leur conduite infâme, et par toutes leurs calomnies, qu’elle ne peut recevoir d’atteintes des Bolingbroke, des Woolston, des Spinosa, des Boulainvilliers, des Maillet, des Meslier, des Fréret, des Boulanger, des La Mettrie, etc., etc., etc.

Je présume que vous avez reçu actuellement le brimborion que je vous ai envoyé pour l’enchanteur Merlin. Je lui donne cette pièce, que j’ai brochée en cinq jours[3], à condition qu’il n’aura nul privilège. Je n’ai pas osé faire paraître Henri IV dans la pièce[4] ; elle n’en a pas moins fait plaisir à tous nos officiers et à tout notre petit pays, à qui la mémoire de Henri IV est si chère. Songez à votre santé ; la mienne est déplorable.

7024. — À M. COLINI.
À Ferney, 28 septembre.

Mon cher ami, votre Dissertation sur le cartel[5] offert par l’électeur palatin au vicomte de Turenne m’arrivera fort à propos. On a déjà entamé une nouvelle édition du Siècle de Louis XIV. Je profiterai de votre pyrrhonisme, pour peu que je le trouve fondé : car vous savez que je l’aime, et que je me défie des anec-

  1. Les Pièces relatives à Bélisaire sont en cinq cahiers in-8°, qui, réunis, forment un peu plus de 120 pages.
  2. Cet ouvrage, qui parut en 1767, en un seul volume petit in-8°, a pour auteur Ch. Bordes, de Lyon.
  3. Charlot, ou la Comtesse de Givry.
  4. Voyez la Préface de l’auteur et la note des éditeurs de Kehl, tome VI, page 343 ; et ci-après, la lettre 7047.
  5. Voyez lettre 7051.