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J’étais impotent et aveugle quand Mme de Boufflers a passé par Lyon. Je suis encore à peu près dans le même état ; je ne vaux rien des pieds jusqu’à la tête ; et, à l’égard de ma pauvre âme, elle est extrêmement sensible à votre souvenir et à vos bontés, dont je vous demande la continuation avec la sensibilité la plus respectueuse.

6800. — À M. MARMONTEL.
16 mars.

Je prie le secrétaire de Bélisaire de dire à Mme Geoffrin que j’avais bien raison de n’être point surpris du billet du roi de Pologne. Il vient de m’écrire sur la tolérance une lettre dans le goût et dans le style de Trajan ou de Julien[1]. Il faudrait la graver dans les écoles de Sorbonne, et y graver surtout ce grand mot de l’impératrice de Russie : Malheur aux persécuteurs !

Mon cher confrère, un grand siècle se forme dans le Nord, un pauvre siècle déshonore la France. Cependant l’Europe parle notre langue. À qui en a-t-on l’obligation ? À ceux qui écrivent comme vous, à ceux qu’on persécute.

Non lasciar la magnanima impresa.

(pétrarque, son. vii.)
6801. — À M. ÉLIE DE BEAUMONT.
À Ferney, le 18 mars.

Je doute fort, mon cher Cicéron, que le conseil de Berne ajoute rien à la modique pension qu’il fait aux Sirven ; c’est beaucoup s’il la continue. M. Seigneux de Correvon, à qui vous écrivez, ne peut nous être d’aucun secours ; il n’a que sa bonne volonté.

Je sens bien que la réconciliation du premier président[2] avec le parlement de Toulouse peut nous être défavorable ; mais j’espère que le conseil ne voudra pas se relâcher sur le droit qu’il a de prononcer des évocations que la voix publique demande, et que l’équité exige. Les conseillers d’État et les maîtres des requêtes paraissent penser unanimement sur cette affaire. Votre mémoire vous fait beaucoup d’honneur ; il a consolé ce pauvre

  1. Lettre 6765.
  2. Bastard ; voyez tome XXVI, page 286.