Correspondance de Voltaire/1767/Lettre 6765

6765. — DE STANISLAS-AUGUSTE PONIATOWSKI,
roi de pologne.
Varsovie, le 21 février.

Monsieur de Voltaire, tout contemporain d’un homme tel que vous, qui sait lire, qui a voyagé, et ne vous a pas connu, doit se trouver malheureux. Si le roi mon prédécesseur[1] eût vécu un an de plus, j’aurais vu Rome et vous. J’allais partir pour l’Italie lorsqu’il est mort, et je comptais revenir par chez vous. C’est un des plaisirs que me coûte ma couronne, et dont elle ne m’ôtera jamais le regret. Vous l’augmentez par votre lettre du 3 de ce mois ; vous m’y tenez compte de faits qui ne sont malheureusement que des intentions. Plusieurs des miennes ont leur source dans vos écrits. Il vous serait souvent permis de dire : « Les nations feront des vœux pour que les rois me lisent. »

Continuez, monsieur, à jouir de votre gloire, et à prouver au monde qu’il est des esprits qui ne s’épuisent point. Je suis bien véritablement, monsieur de Voltaire, votre très-affectionné.

Stanislas-Auguste, roi.

  1. Frédéric-Auguste II, mort à Dresde le 5 octobre 1763.