Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome44.djvu/76

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

promptitude et à la bonne grâce qu’on a mises dans cette affaire.

M. le marquis d’Argence, d’Angoulême, m’a envoyé une lettre que vous lui avez écrite ; c’est un homme plein de zèle pour la bonne cause, et qui a pris avec zèle le parti des Calas contre Fréron. J’ai bien de la peine à décider quel est le plus misérable d’Aliboron ou de Jean-Jacques ; je crois seulement Jean-Jacques plus fou et non moins coquin. Promettre d’écrire contre Helvétius[1] pour être reçu à la communion est une bassesse incroyable.

Je crois que vous aurez Mlle  Clairon au mois d’octobre, mais je ne crois pas qu’elle reparaisse sur le théâtre des Welches. J’aime tous les jours de plus en plus mon philosophe Damilaville ; Tronchin lui a donné la fièvre pour le guérir. Je souhaite qu’il soit longtemps entre ses mains, et je voudrais bien vous tenir avec lui ; vous trouveriez Genève bien changée ; la raison y a fait des progrès dont on ne se doutait pas. Calvin n’y sera bientôt regardé que comme un cuistre intolérant.

Conservez bien votre santé ; jouissez de l’étonnante révolution qui se fait partout dans les esprits, et vivez pour éclairer les hommes.


6113. — À M.  LE COMTE D’ARGENTAL[2].
Septembre.

Je crois à présent l’un de mes anges gardiens quitte de tous les tristes devoirs que la perte de l’infant[3] a exigés de lui. Je le supplie de vouloir bien faire donner cette lettre à Lekain ; en la lisant, vous me trouverez bien curieux.

On m’a dit que la santé de M. le duc de Praslin n’était pas bonne, et qu’il parlait de se retirer. Je souhaite passionnément qu’il se porte bien, et qu’il demeure en place ; et je le souhaite très-indépendamment des dîmes que la sainte Église dispute à Genève et à moi. Quand il aura nommé un résident à Genève, je vous prie d’avoir la bonté de m’en instruire.

J’attends toujours vos instructions et votre paquet pour les communiquer au petit ex-jésuite, et je me mets au bout des ailes de mes anges.

  1. Voyez une des notes sur la lettre 6098.
  2. Éditeurs, de Caiyrol et François.
  3. Don Philippe, duc de Parme, frère du roi d’Espagne, venait de mourir.