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lettres charmantes, des lettres vraiment philosophiques de votre correspondant d’Allemagne[1]. Je lui pardonne tout.

Surtout portez-vous bien ; c’est un triste état que celui d’un vieux malade. Adieu ; je vous aime comme on aime dans la jeunesse.


6543. — À M.  DAMILAVILLE.
24 octobre.

Je reçois un petit billet de vous, mon cher ami, avec une lettre de M.  le chevalier de Rochefort. Les choses que vous me demandez me rappellent que j’avais donné un petit paquet pour vous à M.  de La Borde. Vous me mandâtes, il y a quelque temps, que vous n’aviez rien reçu de lui, et alors je crus que je ne lui avais rien donné. Mais, en y songeant bien, je suis sûr que je mis un petit paquet entre ses mains pour vous[2], ou du moins je crois en être sûr ; et je suis plus sûr encore que j’en ai donné un au jeune Calas, qui doit vous l’avoir rendu.

Je n’ai point encore entendu parler de celui qui doit arriver à Meyrin[3]. Je fais de tristes réflexions sur l’absence. Je n’en fais pas de gaies sur l’absence éternelle qu’il faudra bientôt essuyer. Vous savez, mon cher ami, comme il faut travailler à ma consolation : c’est en écrasant l’infâme[4].

Comptez-vous faire usage des trois lettres de Venise, de 1743 ? Si vous ne voulez pas vous en servir, renvoyez-les-moi, je vous prie[5].


6544. — DE FRÉDÉRIC II ROI DE PRUSSE.
Sans-Souci, 24 octobre.

Si je n’ai pas l’art de vous rajeunir, j’ai toutefois le désir de vous voir vivre longtemps pour l’ornement et l’instruction de notre siècle. Que serait-ce des belles-lettres si elles vous perdaient ? Vous n’avez point de successeur. Vivez donc le plus longtemps que cela sera possible.

Je vois que vous avez à cœur l’établissement de la petite colonie dont vous m’avez parlé[6]. Je suis embarrassé comment vous répondre sur bien

  1. Frédéric II.
  2. Voyez lettre 6574.
  3. Voyez lettres 6549 et 6572.
  4. Ces derniers mots sont restitués d’après le manuscrit.
  5. Ici est placée dans Beuchot la lettre de Voltaire à M. Hume que nous avons donnée tome XXVI, page 29.
  6. Il s’agissait d’établir à Cléves une petite colonie de philosophes français