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« Le chevalier de La Barre a soutenu les tourments et la mort sans aucune faiblesse et sans aucune ostentation. Le seul moment où il a paru ému est celui où il a vu le sieur Belleval dans la foule des spectateurs. Le peuple aurait mis Belleval en pièces, s’il n’y avait pas eu main-forte. Il y avait cinq bourreaux à l’exécution du chevalier. Il était petit-fils d’un lieutenant-général des armées, et serait devenu un excellent officier. Le cardinal Le Camus, dont il était parent, avait commis des profanations bien plus grandes, car il avait communié un cochon avec une hostie ; et il ne fut qu’exilé. Il devint ensuite cardinal, et mourut en odeur de sainteté. Son parent est mort dans les plus horribles supplices, pour avoir chanté des chansons et pour n’avoir pas ôté son chapeau. »


Boursier, chez M. Souchai, au Lion d’or.

6431. — À M. LE COMTE D’ARGENTAL.
Aux eaux de Rolle, 26 juillet.

Je vous importunai, mes anges, par ma dernière lettre, en faveur d’un Ballexserde[1], qui en effet a du mérite : je vous suppliai de daigner lui procurer une audience de M. le duc de Choiseul ; mais aujourd’hui je crois devoir vous prier de n’en rien faire. Je viens d’apprendre que la moitié de Genève a publié un libelle contre l’autre ; que même on manque violemment de respect dans ce libelle à monsieur l’ambassadeur de France. J’ignore de quel parti est ce Ballexsced ; mais il me semble que, dans les circonstances présentes, et au point d’aigreur où en sont les esprits, je ne dois pas compromettre vos bontés. M. le duc de Choiseul est lassé et indigné de toutes les manœuvres des Genevois, et je ne voudrais pas que vous eussiez à vous reprocher d’avoir présenté un homme dont peut-être on serait mécontent. Je retire donc très-humblement ma reqête ; mais je persiste toujours à vous conjurer de me faire avoir au moins le précis de la consultation des avocats en faveur des Polyeuctes et des Néarques. Je vous envoie un petit extrait[2] des dernières nouvelles d’Abbeville. Vous serez attendris de plus en plus. J’attends le petit paquet en toile cirée[3] adressé à Meyrin

    deux autres. Ils donnent à toutes les trois la date du 6 juillet, et les attribuent à Voltaire.

  1. Voyez la lettre 6421.
  2. Ce doit être ce qui est rapporté dans la lettre précédente.
  3. Voyez les lettres 6421 et 6402.