Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome44.djvu/290

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
280
CORRESPONDANCE.

ou les natifs. Je n’entre en aucune manière dans leurs démarches, et depuis l’arrivée de M.  Hennin je n’ai pas écrit un seul mot à M. le duc de Praslin sur Genève.

À l’égard de M.  Ouspourguer[1], j’ai tort de n’avoir pas envoyé chez lui. Mais j’ai supplié M.  Sinner-Daubigny de lui présenter mes respects. Je suis un vieux pédant dispensé de cérémonies ; mais j’en ferai tant qu’on voudra. Je vous supplie, mon cher monsieur, d’ajouter à toutes vos bontés celle de m’excuser auprès de messieurs les médiateurs suisses, et de me continuer vos bons offices auprès de monsieur l’ambassadeur. Pardonnez-moi ma longue lettre, et aimez le vieux bonhomme.


Voltaire.

6331. — À M. LE MARQUIS DE FLORIAN.
Ferney, 2 mai.

Vous faites très-bien, monsieur, de n’aller qu’à la mi-mai à Hornoy. La nature est retardée partout, après le long et terrible hiver que nous avons essuyé. Les trois quarts de mes arbres sont sans feuilles, et je ne vois encore que de vastes déserts.

La grande place de l’homme[2] qui juge, sur le Panégyrique du Dauphin, que l’abbé Coyer est un athée, est apparemment une place aux Petites-Maisons, et je présume que votre ami le calculateur doit être de son conseil. Je réduis tout net ce calculateur à zéro. M.  de Beauteville me parait d’une autre pâte. Je ne sais s’il connaît bien encore les Genevois ; ils ne sont bons Français qu’à dix pour cent. Nous verrons comnent la médiation finira le procès, et si on condamnera le conseil à être fouetté avec des lanières tirées du cul des citoyens.

Il n’y a pas longtemps que messieurs du conseil me présentèrent leur terrier, par lequel ils me demandent un hommage-lige pour un pré. Je leur ferai certainement manger tout le foin du pré avant de leur faire hommage-lige. Ces gens-là me paraissent avoir plus de perruques que de cervelle.

Avant que vous partiez pour Hornoy, mon cher monsieur, permettez que je vous fasse souvenir du factum de M.  de Lally, que vous avez eu la bonté de me promettre. Je suis bien curieux de lire ce procès ; je connais beaucoup l’accusé, et je m’intéresse à tout ce qui se passe dans l’Inde, à cause des brames mes bons

  1. Voyez, la note sur la lettre 6247.
  2. C’était un homme de la cour. (B.)