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Mon âge et mes maladies me retiennent chez moi en prison. J’ai bu aujourd’hui à votre santé dans ma masure de Ferney avec M. Roger. Quand vous serez las des cérémonies et des indigestions de Genève, vous serez bien aimable de venir chercher la sobriété et la tranquillité à Ferney. Je vous remettrai un Mémoire[1] de deux avocats de Paris sur les tracasseries de Genève, et vous verrez que l’ordre des avocats en sait moins que vous. M.  d’Artal devait le remettre à M.  de Saint-Foix[2] pour vous le donner, mais vous êtes parti précipitamment. Je vais le faire copier, et je serais très-flatté d’avoir l’honneur de vous entretenir en vous remettant l’original.

Quand vous aurez quelques ordres à me donner, vous pouvez les envoyer aux Rues-Basses, chez M.  Souchai, marchand drapier, près du Lion d’or.

Mme  Denis vous fait mille compliments. Nous ne pouvons vous exprimer à quel point nous sommes enchantés de nous trouver dans votre voisinage.

J’ai l’honneur d’être avec le plus tendre et le plus respectueux attachement.


Voltaire.

6192. — DE M.  HENNIN[3].
Genève, 18 décembre 1765.

Je crois, monsieur, que la colombe sera obligée de planer encore quelque temps sur cette montagne, parce que les eaux du déluge ne sont pas encore écoulées. Vous avez fait une chose digne de vous en buvant à la santé d’un homme menacé de toutes les indigestions possibles. Nous nous préparons, M. Fabry et moi, à aller vous surprendre demain, et je n’avais pas besoin des motifs que vous me présentez pour regarder le moment où j’aurai l’honneur de vous revoir comme un des plus agréables de ma vie.

Messieurs de Genève m’accablent de prévenances. J’espère qu’ils ne tarderont pas à s’apercevoir que le ton simple et amical est celui qui me touche le plus.

Je vous prie, monsieur, de présenter mes respects à Mme  Denis. J’ai beaucoup de choses à lui dire, ainsi qu’à vous, de la part de nos amis de la

    conseil des Soixante s’assemblait seulement pour délibérer sur les affaires secrètes et politiques. Telles étaient alors les hases du gouvernement de ce petit État. (Note de Hennin fils.)

  1. On voit par les lettres 6165 et 6186 que ce Mémoire était de Voltaire.
  2. Voyez la note 4, page 76.
  3. Correspondance inédite de Voltaire avec P. -M. Hennin, 1825.