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Hollande : je crois que son respect pour vous n’y a pas peu contribué.

Mes divins anges, respect et tendresse.

Je crains toujours que mon maudit curé ne me joue quelque tour pour mes dîmes.


5927. — À M.  LE MARÉCHAL DUC DE RICHELIEU.
27 février.

Mon héros, si vous êtes assez sûr de votre fait pour qu’on hasarde de vous envoyer le livre diabolique[1] que vous demandez, les gens que j’ai consultés disent qu’ils vous en feront tenir un exemplaire par la voie de Lyon ; cela est très-rare, mais on en trouvera pour vous. Je serais bien fâché d’ailleurs qu’on me soupçonnât d’avoir la moindre part au Philosophique portatif. M. le duc de Praslin, qui connaît parfaitement mon innocence, a assuré le roi que je n’étais point l’auteur de ce pieux ouvrage ; ainsi n’allez pas, s’il vous plaît, me défendre comme Scaramouche défendait Arlequin, en avouant qu’il était un ivrogne, un gourmand, un débauché attaqué de maladies honteuses, et s’excusant envers Arlequin en lui disant que c’était des fleurs de rhétorique.

Je n’entends rien aux plaintes que les Bretons font de moi ; elles sont apparemment aussi bien fondées que leurs griefs contre M. le duc d’Aiguillon. Je n’ai jamais rien écrit de particulier sur la Bretagne, dans mes bavarderies historiques ; les Périgourdins et les Basques seraient aussi bien fondés à se plaindre.

À l’égard du tripot, il est vrai que j’ai demandé mon congé, attendu que je suis entré dans ma soixante-douzième année, en dépit de mes estampes, qui, par un mensonge imprimé, me font naître le 20 de novembre quand je suis né le 20 de février. Il est vrai que la faction ennemie du conseil de Genève trouva mauvais, il y a quelques années, que les enfants des magistrats de la plus illustre et de la plus puissante république du monde se déshonorassent au point de venir jouer quelquefois la comédie chez moi, dans le petit et profane royaume de France ; mais on se moqua de ces polissons. Ce n’est pas assurément pour eux que

    XXVI, 135), et au sujet desquelles Voltaire avait écrit à Marin (voyez lettre 5829), qui, censeur royal et de la police, et secrétaire général de la librairie de France, avait, comme on voit, les moyens d’empêcher la vente publique de l’ouvrage en France.

  1. Le Dictionnaire philosophique portatif.