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haut de sa montagne[1], de bouleverser une ville, comme la trompette du Seigneur qui renversa les murs de Jéricho[2]


5896. — À M.  LE MARÉCHAL DUC DE RICHELIEU.
À Ferney, 27 janvier.

Mon héros, permettez que je prenne la liberté de me vanter auprès de vous de l’honneur que j’ai d’être ami de M. d’Hermenches, fils d’un gros diable de général au service de Hollande, qui s’est battu pendant quarante ans contre les Français ; le fils a mieux aimé se battre pour vous. Il est actuellement dans votre service, et il a désiré, comme de raison, d’être présenté au général qui a le mieux soutenu la gloire de la France. Vous pouvez d’ailleurs le faire votre aide de camp auprès de Mlle  d’Épinay, ou de Mlle  Doligny, ou de Mlle  Luzy, attendu que vous ne pouvez pas tout faire par vous-même. De plus, je dois vous certifier que c’est l’homme du monde qui se connaît le mieux en bonne déclamation. J’ai eu l’honneur de jouer le vieux bonhomme Lusignan avec lui. Il faisait Orosmane à mon grand contentement, et je le prends pour arbitre quand on m’accusera injustement d’avoir donné des préférences à des filles. Il sait plus que personne avec quel enthousiasme je vous suis attaché. Il sait que vous êtes la première de toutes mes passions, et combien je lui envie le bonheur qu’il a de vous faire sa cour.

Agréez, monseigneur, le tendre et profond respect de votre vieux courtisan.


5897. — À M.  LE COMTE D’ARGENTAL.
28 janvier.

Mon cher ange, d’abord comment va la toux de Mme  d’Argental, et pourquoi tousse-t-elle ? ensuite je remercie très-humblement M. le duc de Praslin du passe-port[3].

Ensuite vous saurez que je bataille toujours avec le tyran du tripot[4] ; mais vous sentez bien que je serai battu. Il y a de l’aigreur ; on ne m’en a jamais dit la raison.

  1. Par ses Lettres écrites de la montagne : voyez la lettre 5853.
  2. Josué, chap. vi, 20.
  3. Pour Moultou et son fils.
  4. Richelieu.