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l’Académie. Il n’y a, ce me semble, qu’une veuve qui paraisse ; mais n’y a-t-il pas un enfant de dix à douze ans ? La mère pourrait me l’envoyer, je le ferais travailler chez les Cramer ; il apprendrait son art, et ce voyage lui serait très-utile. Si vous le protégez et si vous approuvez mon idée, il n’y a qu’à me l’envoyer.

Je compte sur vous plus que sur personne ; continuez-moi votre bonne volonté, et aidez-moi de vos avis.


4703. — À M.  FYOT DE LA MARCHE[1].
Ferney, 8 octobre.

Mon cher oracle de Thémis et des Muses, votre lettre du 27 septembre m’a fait un plaisir presque aussi vif que votre apparition à Ferney ou à Voltaire[2], Oui, sans doute, j’irai à la Marche, je verrai votre labyrinthe, et je voudrais ne point trouver de fil pour en sortir.

Comptez que c’est un bienfait essentiel de permettre que votre graveur travaille pour notre Corneille. Il n’y a point d’artiste à Genève dans ce genre-là. On est obligé de dépendre des graveurs de Paris, qui sont surchargés d’ouvrage. Je mourrais de vieillesse et de dépit avant qu’ils eussent fini. Permettez donc que votre protégé nous aide de dix estampes[3], et surtout ne l’empêchez pas de recevoir des Cramer un petit honoraire. C’est une affaire d’environ cinquante louis : il n’est pas possible d’en user autrement, je vous conjure de le souffrir.

Je renvoie, comme vous l’ordonnez, tous ses dessins, dont je

    servé quelques défauts de son temps. Voltaire les a relevés ; il le devait. Il ne pouvait approuver ces rudesses de notre poésie primitive, ces incorrections, ces fautes de langage, quoique étrangères à Corneille.


    Mais de nos jours il s’est formé une autre classe de vengeurs de Corneille, qui admirent tout, particulièrement ses défauts comme la justification de leur propre style. Ceux-là trouvent doublement leur compte en attaquant l’illustre commentateur. Ils rabaissent le génie d’un de nos plus grands écrivains et travaillent à leur gloire personnelle. (Note des premiers éditeurs.)

  1. Éditeur, Th. Foisset.
  2. Allusion à cette plaisanterie de Marot à François 1er :

    Car depuis peu j’ai basti à Clément
    et à Marot, qui est un peu plus loing.

  3. Voltaire en indique douze dans sa lettre à de Vosge (n° 4925). Il parle également de douze dans les lettres ci-après.