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4477. — À M. DAMILAVILLE[1].
27 février.

Reçu K. et L[2]. Enivré du succès du Père de famille, je crois qu’il faut tout tenter, à la première occasion, pour mettre M. Diderot de l’Académie : c’est toujours une espèce de rempart contre les fanatiques et les fripons. Si je peux exécuter quelques ordres pour M. Damilaville auprès de M. de Courteilles, je suis tout prêt et trop heureux.

Les frères ont-ils reçu un chant de Dorothée[3], retrouvé dans d’anciennes paperasses, et des lettres du marquis de Ximenès sur le roman de J.-J.[4] ?

J’assomme les frères de petites dépenses : je prie M. Thieriot de mettre tout sur son agenda. Il y a longtemps qu’il ne m’a écrit : il ne sait pas que j’aime passionnément ses lettres. Mille tendres amitiés.


4478. — À M. D’ALEMBERT.
Au château de Ferney, pays de Gex, 27 février.

Vous êtes un franc savant, dans votre charmante et drôle de lettre[5] ; vous concluez dans votre cœur pervers que je n’ai point été à la messe de minuit, parce que mon libraire hérétique a mis le 23 pour le 24[6]. Vous triomphez de cette erreur, mon cher et grand philosophe, comme un Saumaise ou un Scaliger ; mais vous êtes fort plaisant, ce que les Scaliger n’étaient pas. Sachez que vos bonnes plaisanteries ne m’ôteront point ma dévotion, et qu’il n’y a d’autre parti à prendre que de se déclarer meilleur chrétien que ceux qui nous accusent de n’être pas chrétiens. J’ai un évêque[7] qui est un sot, et qui me regarde comme un persécuteur de l’Église de Dieu parce que je poursuis vivement la condamnation d’un curé grand diseur de messes et assassin. Je conjure mon évêque, par les entrailles de Jésus-Christ, de se

  1. Dans les éditions de Kehl, cette lettre commence par un alinéa dont, d’aprés Grimm, on a fait une lettre ; voyez n° 4412.
  2. Du Recueil A, B, C, etc. Voyez une note de la lettre 4420.
  3. C’est le chant XVIII de la Pucelle, édition de 1762, et le XIXe des éditions actuelles.
  4. Voyez tome XXIV, page 165.
  5. Cette lettre de d’Alembert manque. (Cl.)
  6. On ne sait dans quel ouvrage se trouve cette faute.
  7. Biord ou Biort.