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On crie, aux premières représentations, et le couteau, et la haine outrageuse, et


… Je ne peux souffrir ce qui n’est pas Tancrède ;

(Acte II, scène i.)


au bout de huit jours on ne crie plus.

10° Les longueurs doivent être accourcies ; mais l’étriqué et l’étranglé détruit tout. Un sentiment qui n’a pas sa juste étendue ne peut faire effet. Qu’est-ce qu’une tragédie en abrégé ?

11° Nous soutenons toujours que les derniers vers d’Aménaïde sont un morceau pathétique, terrible, nécessaire, et nous en avons eu la preuve :


Arrêtez… vous n’êtes point mon père, etc.

(Acte V, scène vi.)


On fut transporté.

Je n’ai plus de papier, je n’ai plus ni tête ni doigts. Mon cœur est navré de douleur si j’ai déplu à mes anges ; mais, au nom de Dieu, ôtez-moi ce


Car tu m’as déjà dit[1].



4288. — À M.  PALISSOT[2].
Octobre.

J’ai reçu, monsieur, votre lettre du 13. Je dois me plaindre d’abord à vous de ce que vous avez publié mes lettres sans me demander mon consentement : ce procédé n’est ni de la philosophie ni du monde. Je vous réponds cependant, en vous priant, par tous les devoirs de la société, de ne point publier ce que je ne vous écris que pour vous seul.

Je dois vous remercier de la part que vous voulez bien prendre au succès de Tancrède, et vous dire que vous avez très-grande raison de ne vouloir d’appareil et d’action au théâtre qu’autant que l’un et l’autre sont liés à l’intérêt de la pièce. Vous écrivez trop bien pour ne pas vouloir que le poëte l’emporte sur les décorateurs.

  1. Voyez tome XL. page. 557.
  2. Cette lettre a été imprimée à la page 357 du tome Ie du Supplément au recueil des lettres de M.  de Voltaire, Paris, Xhrouet, 1808, deux volumes in-8o ou in-12. Auger, qui fut éditeur de ces deux volumes, la donna d’après une copie écrite de la main du secrétaire de Voltaire ; je la reproduis ici, sans chercher à expliquer pourquoi cette copie est si différente de la lettre à Palissot du 24 septembre (voyez n° 4273), dont elle est évidemment une autre version ; mais c’est le texte de la lettre du 24 septembre qui est l’authentique. (B.)