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c’est-à-dire la Réponse à l’auteur de l’Oracle des philosophes. Ils brûleront bientôt les édits dudit seigneur roi ; mais je les avertis qu’ils n’auront pour eux que les Halles, et point du tout les pairs et les princes. Je vois toutes ces pauvretés d’un œil bien tranquille, aux Délices et à Ferney. La petite Corneille contribue beaucoup à la douceur de notre vie ; elle plaît à tout le monde ; elle se forme, non pas d’un jour à l’autre, mais d’un moment à l’autre. Ne vous ai-je pas mandé combien son petit gentil esprit est naturel, et que je soupçonnais que c’était la raison pour laquelle Fontenelle l’avait déshéritée[1] ? Mes chers anges, permettez que je prenne la liberté de vous adresser ma réponse[2] à la lettre que son père m’a écrite, ou qu’on lui a dictée.

Prault ne m’enverra-t-il pas son Tancrède à corriger ? Quand jouera-t-on Tancrède ? Pourquoi la Femme qui a raison partout, hors à Paris ? est-ce parce que Wasp en a dit du mal ? Wasp triomphera-t-il ? Comment vont les yeux de mon ange ?

Eh ! vraiment, j’oubliais la meilleure pièce de notre sac, l’aventure de ce bon prêtre[3], de ce bon directeur, de ce fameux janséniste, jadis laquais, qui a volé cinquante mille livres à Mme  d’Egmont.

Maître Omer le prendra-t-il sous sa protection ? Requerra-t-il en sa faveur ?


4396. — À M.  DUVERGER DE SAINT-ÉTIENNE,
gentilhomme du roi de pologne[4].
Décembre 1760.

Tout malade que je suis, monsieur, je suis très-honteux de ne répondre qu’en prose, et si tard, à vos très-jolis vers. Je félicite le roi de Pologne d’avoir auprès de lui un gentilhomme qui pense comme vous[5]. Il serait bien difficile qu’on pensât autrement à la cour d’un prince qui pense si bien lui-même, et qui a

  1. C’est à Mme  du Deffant que Voltaire l’avait écrit ; voyez la lettre 4383.
  2. Sans doute celle qui est datée plus haut du 25 décembre, et qui pouvait être restée quelques jours sur le pupitre du philosophe.
  3. L’abbé Grizel. Voltaire a reconnu que l’accusation qu’il porte contre cet abbé, d’avoir volé Mme  d’Egmont, est fausse. Ce n’est point cette dame, mais M.  de Tourny, son héritier, que Grizel a volé ; voyez la lettre à Thieriot du 11 janvier 1761. (B.)
  4. Il avait adressé à Voltaire, sur la comédie de l’Écossaise, une épître imprimée dans le Mercure, tome II d’octobre 1760.
  5. Je donne cette lettre telle qu’elle est imprimée dans le Mercure, 1761,