Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome40.djvu/481

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
4195. — À M. LE MARQUIS ALBERGATI CAPACELLI.
Aux Délices, 21 juillet.

Carissimo signore, ella riceverà il Shaftesbury quando piacerà al cielo. Il libro è mandato a un valente mercatante di Ginevra. Ô Dio ! rendimi la gioventù, ed io porterò tutti i miei libri inglesi al mio senatore.

Oui, la nature a raison quand elle dit que Carlo Goldoni l’a peinte ; j’ai été cette fois-ci le secrétaire de la nature[1]. Vraiment le grand peintre fera bien de l’honneur au petit secrétaire, s’il daigne mettre son nom quelque part. Il peut me compter au rang de ses plus passionnés partisans. Je serai très-honoré d’obtenir une petite place dans son catalogue.

Nous n’avons point encore ouvert notre théâtre, à cause des grandes chaleurs. Nous jouerons, comme Thespis, dans le temps des vendanges. Je lis actuellement la Figlia ubbidiente[2] ; elle m’enchante. Je veux la traduire ; je ne jouerai pas mal il Pantalone.

Plus j’avance en âge, et plus je suis convaincu qu’il ne faut que s’amuser ; et quel plus bel amusement que celui des Sophocle et des Ménandre ?

Je me flatte que le cygne de Padoue, l’aimable Algarotti, est avec vous. Dieu vous rende heureux l’un et l’autre, autant que vous méritez de l’être ! On s’égorge en Allemagne, on s’ennuie à Versailles, on ne s’occupe à Londres que des fonds publics ; et, grâce à vous, monsieur, on se divertit à Bologna la grassa.

Il n’y a de sages que ceux qui se réjouissent ; mais se réjouir avec esprit, questo è divino.

I wish you good health, long life. Vous devez avoir tout le reste par vous-même. Your most humble obedient servant.


Le Suisse V.


4196. — À M. THIERIOT.
Aux Délices, 22 juillet.

Mon cher correspondant, quid nuper evenit ? J’avais envoyé pour vous un gros paquet à M. de Villemorien[3], il y a environ huit jours ; et M. de Villemorien m’écrit qu’il ne peut plus servir à la correspondance, et il me signifie cet arrêt sans me parler du

  1. Lettre 4156.
  2. Comédie en trois actes, en prose, jouée en 1752.
  3. Le Gendre de Villemorien, fermier général.