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Ne lui en voulez pas non plus sur l’article des bois. C’est une chose de règle et d’usage qui ne fait de mal à personne. Il ne s’agit que de constater l’état des lieux, et d’empêcher qu’on n’élève là-dessus des contestations un jour à venir.


3979. — À M.  COLINI.
Aux Délices, 19 novembre.

Son Altesse électorale palatine, mon cher Colini, m’a mandé[1] qu’il vous avait trouvé beaucoup de mérite, et qu’il était très-content de vous. Je ne doute pas qu’il ne vous prenne à son service, et qu’il ne me sache très-bon gré de la connaissance. J’espère vous trouver à Schwetzingen l’année prochaine ; qui sait si de là nous ne pourrions pas faire rendre gorge à Francfort[2] ?

Je vous prie d’assurer de mes respects Mme  de Lutzelbourg ; j’ai si mal aux yeux que j’écris avec beaucoup de peine. S’il y a quelques nouvelles, ne m’oubliez pas. La grande nouvelle de France, c’est que la misère est extrême. On est si abattu qu’à peine songe-t-on aux jésuites du Portugal, les uns chassés[3], les autres pendus. Dieu veuille avoir leur âme ! Je vous embrasse.


3980. — DE FRÉDÉRIC II. ROI DE PRUSSE.
Wilsdruf, 19 novembre 1759.

Je viens de recevoir la lettre du rat ou de l’aspic, du 6 novembre, sur le point de finir la campagne. Les Autrichiens s’en vont en Bohème, où je leur ai fait brûler, par représailles des incendies qu’ils ont causés dans mes pays, deux grands magasins. Je rends la retraite du benoît héros[4] aussi difficile que possible, et j’espère qu’il essuiera quelques mauvaises aventures entre ci et quelques jours. Vous apprendrez par la déclaration de la Haye si le roi d’Angleterre et moi nous sommes pacifiques. Cette démarche éclatante ouvrira les yeux au public, et fera distinguer les boute-feux de l’Europe de ceux qui aiment l’humanité, la tranquillité et la paix. La porte est ouverte, peut venir au parloir qui voudra. La France est maîtresse de s’expliquer. C’est aux Français qui sont naturellement éloquents à parler, à nous à les écouter avec admiration, et à leur répondre dans un mauvais baragouin, le mieux que nous pourrons. Il s’agit de la sincérité que chacun apportera

  1. Voyez la lettre 3967.
  2. Voyez une note de la lettre 3757.
  3. Le 3 septembre 1759, jour anniversaire de l’attentat commis sur Josepb Ier en 1758, six cents jésuites furent expulsés du Portugal. Malagrida ne fut mis à mort qu’en septembre 1761. (Cl.)
  4. Daun ; voyez une note de la lettre 3882, et le texte du n° 3976.