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CORRESPONDANCE.
3675. — À M. BERTRAND.
Aux Délices, 7 octobre.

Mon cher ami, je suis parfois un paresseux, un négligent. Je comptais vous écrire en vous envoyant les sept tomes encyclopédiques, mais ils sont encore à Dijon. Préparez toujours vos matériaux ; adressez-les au sieur Briasson, libraire à Paris, rue Saint-Jacques, car je pourrais bien faire encore un petit voyage. Je n’ai encore lu aucun des journaux italiens ; je n’en ai pas eu le temps, quoique j’aie l’air de n’avoir rien à faire. Je les ferai relier quand j’en aurai un certain nombre, et alors je les lirai. Je me flatte que l’année prochaine M. de Freudenreich viendra dans nos cantons, et que vous serez de la partie. Je regarderai les jours que je passerai avec vous comme les plus agréables de ma vie : je vous embrasse du meilleur de mon cœur. Aimez-moi, tout paresseux que je suis. V.


3676. — À M. FABRY[1],
maire de gex.
Fernex, 15 octobre[2].

Je vous écris en hâte, monsieur, et sans cérémonie, chez M. de Boisy, où je ne suis que pour un moment.

C’est, monsieur, pour avoir l’honneur de vous dire que ma confiance en vos bontés m’a déterminé à entrer en marché de la terre de Ferney avec M. de Boisy. Le bonheur d’être en relation avec vous donnerait un nouveau prix à ce petit domaine. Je compte l’avoir à peu près à quatre-vingt mille livres sans les effets mobiliers qui forment un objet à part. On m’avait assuré que les lods et ventes allaient à huit mille livres. J’ai demandé à Son Altesse sérénissime une diminution de moitié, diminution que tous les seigneurs accordent. Ainsi je me suis flatté que je ne payerais que quatre mille livres : c’est sur ce pied que j’ai donné ma parole à M. de Boisy. La nature de mon bien, monsieur, ne me met pas en état de trouver sur-le-champ quatre-vingt mille livres pour payer M. de Boisy ; il faut que j’emprunte. Vous savez, monsieur, combien il en coûte de faux frais avant qu’on soit en possession d’une terre ; il ne me serait guère possible de faire cette acqui-

  1. Communiquée par M. le vicomte de Carrière, ancien préfet de l’Ardèche. (B.)
  2. L’original est, de la main de Voltaire, et sans indication d’année. Une note au crayon porte 1759. Ce doit être 1758. Voyez la lettre du 3 janvier 1759, au même. Voici, jusqu’à présent, la première lettre qui soit connue, écrite par Voltaire de Fernex, qu’il appela bientôt Ferney, et dont il acheta la seigneurie. (B.)