Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome39.djvu/125

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Adieu ; on ne peut être plus pénétré que je le suis de la constance généreuse de votre amitié. Vous sentez qu’il est nécessaire à mon être de vous revoir encore ; mais je le souhaite bien plus que je ne l’espère.


3241. — À M. LE MARÉCHAL DUC DE RICHELIEU.
Aux Délices, 6 octobre.

Je ne vous écris pas si souvent, monseigneur, que quand vous preniez Minorque. J’imagine toujours qu’on a encore plus d’affaires à la cour qu’à l’armée. Les riens prennent quelquefois plus de temps que des assauts ; et d’ailleurs il ne faut pas vexer d’ennui les héros qu’on aime[1].

Un Anglais me mande qu’on veut dresser dans Londres une statue à Blakeney[2]. J’ai répondu qu’apparemment on mettrait cette statue dans votre temple.

Vous avez vu sans doute le dernier manifeste du Salomon du Nord. Ce Salomon est prolixe ; mais on peut se donner carrière à la tête de cent mille hommes.

La reine de Saba ne répond point, mais elle agit. Je voudrais que vous commandassiez une armée dans ces circonstances, et que Salomon apprît par vous à connaître une nation qu’il ne connaît point du tout.

Voici les nouvelles que je reçus hier ; si elles sont vraies, mon Salomon sera un peu embarrassé. Il m’a proposé, il y a quatre mois, de le venir voir ; il m’a offert biens et dignités ; je sais qu’elles sont transitoires ; je les ai refusées. Le roi ne s’en soucie guère ; mais je voudrais qu’il pût en être informé. Le Suisse Voltaire et la Suissesse Denis sont toujours pénétrés pour vous d’amour et de respect.


3242. — À MADAME LA COMTESSE DE LUTZELBOURG.
Aux Délices, 6 octobre.

Si je ne me mourais pas d’un vilain rhumatisme, madame, je crois que je mourrais de joie des nouvelles que vous avez eu la bonté de m’envoyer. Mais sont-elles bien vraies ? Si vous en avez la confirmation, achevez mes plaisirs.

  1. Voyez le dernier vers de la lettre 3205.
  2. Voyez une des notes sur la lettre 3215.