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des lettres[1]. Je vous ai déjà dit un petit mot de cette aventure, dans une lettre[2] que mon secrétaire doit vous apporter.

Je compte avoir l’honneur d’envoyer, dans quelques jours, l’Orphelin de la Chine à Mme de Pompadour. Je vous prie que ce soit là son titre. C’est sous ce nom qu’il y a déjà une tragédie chinoise[3]. Le public y sera tout accoutumé. Mon cher ange, je ne m’accoutume guère à vivre loin de vous. Je me crois à la Chine. Adieu, homme adorable. V.

P. S. Il faut vous dire que les copistes qui sont ici n’écrivent pas trop bien ; mon secrétaire Colini écrit très-lisiblement ; son écriture est agréable. Il connaît la pièce ; il doit être las de l’avoir copiée ; mais si vous voulez avoir la bonté de la lui faire copier chez vous, il prendra volontiers cette peine, quoiqu’il soit fort occupé auprès d’une jolie Italienne[4] avec laquelle il fait le voyage de Paris. Alors nous enverrons cette copie bien musquée à Mme de Pompadour, avec de la jolie nonpareille ; et j’aurai l’honneur de lui écrire un petit mot dans le temps que vous choisirez pour lui envoyer la pièce.

Votre amitié ne se rebute point de toutes les peines que je lui donne, et de toutes les libertés que je prends. Elle est constante et courageuse. Mille tendres respects à tous les anges. V.


2965. — EXTRAIT DES REGISTRES
du consistoire de génève[5].
Du 31 juillet 1755.

M. le pasteur de Roches a dit que le sieur de Voltaire se dispose à faire jouer des tragédies chez lui à Saint-Jean, et qu’une partie des acteurs qui les représentent sont des particuliers de cette ville. On ajoute qu’il fait établir un théâtre et des décorations. Dont opiné, l’avis a été d’en parler à monsieur le premier syndic, et dire que le Consistoire est dans une parfaite confiance que le Magnifique Conseil ne se prêtera jamais à donner atteinte à ses arrêtés des 18 mars 1732 et 5 décembre 1739, qui défendent toutes représentations de comédies, tant publiques que particulières, et qu’à l’égard

  1. Voyez la lettre 2988.
  2. Sans doute la lettre 2961.
  3. Voyez tome V, page 293.
  4. Colini ne l’a pas nommée dans Mon Séjour auprès de Voltaire, ouvrage publié en 1807, in-8°.
  5. Recueil d’extraits des registres du Consistoire de Genéve, publié par M. Cramer, ancien syndic de la république de Genève, page 421. — Desnoiresterres, Voltaire aux Délices, page 122.