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Il en est de même de ces histoires immenses dont nous sommes accablés. Il faudrait vivre cent ans pour lire seulement tous les historiens depuis François Ier. C’est ce qui m’a engagé à réduire en deux petits volumes l’Histoire de Louis XIV, qui avait été falsifiée en sept à huit gros tomes par tant d’écrivains[1].

Si je pouvais me flatter qu’une histoire purement militaire pût se sauver de l’oubli, je crois que ce serait celle de la guerre de 1741. Les grandes choses que vous y avez faites[2] sont dignes de passer à la postérité. Il faudrait une autre plume que la mienne pour écrire un tel ouvrage. Mais je l’ai fait sur les mémoires de tous les généraux. Il n’y a aucune de vos dépêches que je n’aie étudiée, et dans laquelle je n’aie remarqué l’homme de guerre, l’homme d’État, et le bon citoyen. Si mes maladies, qui me privent actuellement de l’honneur de vous écrire de ma main, me permettaient de faire un voyage à Paris, ce sera principalement pour avoir l’honneur de vous faire ma cour et vous consulter. Cette histoire est achevée tout entière ; mais vous sentez que c’est un fruit qu’il n’est pas encore temps de cueillir, et que la vérité est toujours faite pour attendre.

Je vous souhaite une santé parfaite. La France a besoin d’hommes comme vous. Je me flatte que monsieur votre fils vous imitera dans ce zèle infatigable pour le bien public que vous avez montré dans toutes les occasions, et qui vous distingue de tous ceux qui ont parcouru la même carrière.

Je suis, avec un profond respect et l’attachement sincère que vous doit tout bon Français, monseigneur, votre très-humble, etc.


2404. — À MADAME LA MARGRAVE DE BAIREUTH[3].
(Commencement d’août 1752.)

Madame, frère Voltaire, comme voit Votre Altesse royale, n’écrit que de Dieu. Aussi est-il dans un couvent où l’on fait son salut. Il y aurait un plus gros volume que la Somme de saint Thomas à faire sur la théologie dont il est question. Il met à vos pieds la thèse ci-jointe. C’est à Votre Révérence royale à prononcer. Il y a en France des moines de Fontevrault qui obéissent aveuglément à une abbesse. Je me sens de ce nombre. Auriez--

  1. Voyez les notes des lettres 2309 et 2318.
  2. Voyez tome XV, page 200.
  3. Revue française, 1er février 1866 ; tome XIII, page 222.