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en grâce de me faire rendre le tout : je vous en aurai une vraie obligation.

J’ai l’honneur d’être avec respect, monsieur, votre très-humble et très-obéissante servante.


Mignot Denis.
note du lieutenant général de police.

Répondu à Mme  Denis, le 5 mai 1731, que j’ai donné des ordres au commissaire Rochebrune de lever les scellés et de lui remettre les manuscrits et ouvrages qu’elle demande.


2231. — DE FRÉDÉRIC II, ROI DE PRUSSE.

Je viens d’accoucher de six jumeaux[1] qui demandent d’être baptisés, au nom d’Apollon, aux eaux d’Hippocrène. La Henriade est priée pour marraine ; vous aurez la bonté de l’amener ce soir, à cinq heures, dans l’appartement du père. Darget-Lucine s’y trouvera, et l’imagination de l’homme machine[2] tiendra les nouveau-nés sur les fonts.


2232. — À M. DEVAUX[3].
À Potsdam, le 8 mai.

Mon cher Panpan (car il n’y a pas moyen d’oublier le nom sous lequel vous étiez si aimable), le jour même que je reçus vos ordres de servir votre ami (prière est ordre en ce cas), je courus chez un prince, et puis chez un autre, et les places étaient prises. J’écrivis le lendemain à la sœur[4] d’un héros, à la digne sœur du Marc-Aurèle du Nord, pour savoir si elle avait besoin de quelqu’un d’aimable, qui fût à la fois de bonne compagnie et de service. Point de décision encore. Je comptais ne vous écrire que pour vous envoyer quelque brevet signé Wilhelmine, pour votre ami ; mais, puisqu’on tarde tant, je ne peux pas tarder à vous remercier de vous être souvenu de moi.

Quand vous recevrez une seconde lettre de moi, ce sera sûrement l’exécution de vos volontés, et M. de Liébaud pourra partir sur-le-champ. Si je ne vous écris point, c’est qu’il n’y aura rien de fait.

Mon cher Panpan, mettez-moi, je vous prie, aux pieds de la plus aimable veuve[5] des veuves. Je ne l’oublierai jamais, et

  1. Les six chants du poëme de l’Art de la guerre. Voyez, tome VIII, page 523, les stances par lesquelles Voltaire répondit à ce billet.
  2. La Mettrie, auteur du livre intitulé l’homme machine.
  3. Voyez une note de la lettre 1085, tome XXXV, page 189.
  4. Wilhelmine, margrave de Baireuth.
  5. Mme  de Boufflers ; voyez la note 1, page 45.