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également. Daignez venir lundi[1]. Les comédiens viendront à votre loge et à vos pieds. Votre Altesse leur dira un petit mot de Rome sauvée, et ce petit mot sera beaucoup. Je vais faire transcrire les rôles ; mais il faut que Mme la duchesse du Maine soit ma protectrice dans Athènes comme dans Rome. Montrez-vous ; achevez ma victoire. Je suis un de ces Grecs qui avaient besoin de la présence de Minerve pour écraser leurs ennemis.

Votre admirateur, votre courtisan, votre idolâtre, votre protégé, V.

Je vous demande en grâce de ne venir que lundi.


2058. — DE FRÉDÉRIC II, ROI DE PRUSSE.
Janvier[2].

Quoi ! vous envoyez vos écrits
Au frondeur de Sémiramis,
À l’incrédule qui de l’ombre
Du grand Ninus n’est point épris,
Qui sur un ton caustique et sombre
Ose juger vos beaux esprits !

Ce trait désarme ma colère ;
Enfin je retrouve Voltaire,
Ce Voltaire du temps jadis,
Qui savait aimer ses amis.
Et qui surtout savait leur plaire.

Voilà une lettre comme j’en recevais autrefois de Cirey. Je redouble d’envie de vous revoir, de parler de littérature, et de m’instruire des choses que vous seul pouvez m’apprendre. Je vous fais mes remerciements de votre nouvelle édition[3]. Comme je savais vos vieilles épîtres par cœur, j’ai reconnu toutes les corrections et additions que vous y avez faites ; j’en ai été charmé. Ces épîtres étaient belles, mais vous y avez ajouté de nouvelles beautés, et surtout quelques transitions qui lient mieux les matières. Ne serait-ce point une faute d’impression que cet endroit de l’Épître de Maurepas que voici :


Il fut cent fois moins fou que ceux dont l’imprudence
Dans d’indignes mortels a mis sa confiance.

Ne faudrait-il pas ont et leur ? Pardon de ces vétilles grammaticales ; mais j’aspire au purisme, et je veux m’instruire[4].

  1. Sans doute le lundi 19 janvier, jour où Oreste fut très-applaudi.
  2. Réponse à la lettre 2044.
  3. La première édition de G.-C. Walther ; voyez la lettre 1869.
  4. Le passage commençant à « et surtout quelques transitions », et finissant par « et je veux m’instruire », a été omis par Beuchot, et est tiré de cette lettre imprimée dans les Œuvres du Philosophe de Sans-Souci, 1750, tome III, pages 217-222.