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Mais, sire, cette femme a abandonné pour moi toutes les choses pour lesquelles les autres femmes abandonnent leurs amis ; il n’y a aucune sorte d’obligation que je ne lui aie. Les coiffes et la jupe qu’elle porte ne rendent pas les devoirs de la reconnaissance moins sacrés.

L’amour est souvent ridicule ;
Mais l’amitié pure a ses droits
Plus grands que les ordres des rois.
Voilà ma peine et mon scrupule.

Ma petite fortune, mêlée avec la sienne, n’apporte aucun obstacle à l’envie extrême que j’ai de passer mes jours auprès de Votre Majesté. Je vous jure, sire, que je ne balancerai pas un moment à sacrifier ces petits intérêts au grand intérêt d’un être pensant, de vivre à vos pieds, et de vous entendre.

Hélas ! que Gresset est heureux[1] !
Mais, grand roi, charmante coquette,
Ne m’abandonnez pas pour un autre poëte ;
Donnez vos faveurs à tous deux.

J’ai travaillé Mahomet sur le vaisseau ; j’ai fait l’Épître dédicatoire[2]. Votre Majesté permet-elle que je la lui envoie ?

Je suis avec le plus tendre regret et le plus profond respect, sire, de Votre Humanité le sujet, l’admirateur, le serviteur, l’adorateur.


1393. — À M. THERIOT[3].
1740.

Voici une lettre pour M. D*** ; j’aimerais mieux lui demander un souper qu’un payement des fermiers généraux : cependant,

  1. Frédéric avait fait faire des offres brillantes à Gresset, pour l’engager à se fixer en Prusse :
    Mais, dans les fers, loin d’un libre destin,
    Tous les bonbons n’étant que chicotin,
    selon l’auteur de Vert-Vert, Gresset préféra sa patrie à Berlin, et eut raison. (Cl.)
  2. Ce que Voltaire appelle ici Épître dédicatoîre est la lettre 1389, qui très-longtemps a été imprimée parmi les préliminaires de Mahomet, mais qu’il ne regardait pas cependant comme une dédicace. Voyez ci-après la lettre à M. d’Argental, de novembre 1742 (n° 1550).
  3. Pièces inédite de Voltaire, 1820.