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Mandez bien, je vous prie, à notre prince, à notre Marc-Aurèle du Nord, que ma chétive santé m’empêche d’avoir l’honneur de lui écrire.

M. de Mairan a-t-il reçu ma longue lettre que je vous avais adressée avant votre voyage ?

Voulez-vous bien vous charger d’envoyer ce paquet[1] au chevalier de Mouhy, rue des Moineaux, dans votre quartier ? Un commerce avec le chevalier de Mouhy vous étonne ; mais je n’en ai point avec ses ouvrages.

Mme du Châtelet vous a écrit. Je réitère toutes les petites prières que je vous ai faites en partant.

Quand vous voudrez le cinquième acte de Mérope, vous l’aurez. Grand merci de vos bons avis, j’en ai profité, et vous jugerez s’il fait bon de me dire la vérité.

Je vous embrasse tendrement, Père Mersenne ; soyez toujours le lien de la société, l’ami des arts et le mien. Cirey mériterait bien que M. de La Bruère nous envoyât son opéra[2]. Nous l’aimons, nous sommes des gens fidèles ; son ouvrage sera en sûreté, et nous lui aurions obligation d’un plaisir que nous sentirions bien vivement.

Adieu, mon ami, écrivez-nous et aimez-nous.


942. — À M. HELVÉTIUS.
Cirey, le 17 octobre.

Voici, mon cher élève des Muses, d’Archimède, et de Plutus, ces Éléments de Newton, qui ne vous apprendront rien autre chose, sinon que j’aime à vous soumettre tout ce que je pense et ce que je fais. J’ai reçu une lettre de monsieur votre père ; il sait combien j’estime lui et ses ouvrages ; mais son meilleur ouvrage[3] c’est vous. Quand vous voudrez travailler à celui[4] que vous avez entrepris, l’ermitage de Cirey vous attend pour être votre Parnasse ; chacun travaillera dans sa cellule.

Il y a un nommé Bourdon de Joinville qui a une affaire qui dépend de vous ; Mme du Châtelet vous le recommande, autant que l’équité le permet, s’entend, votisque assuesce vocari[5]. Je vous

  1. C’était sans doute le Préservatif, qui devait paraître sous le nom du chevalier.
  2. Dardanus.
  3. On disait le contraire du fils de Crébillon. (Cl.)
  4. L’Épître sur l’amour de l’étude. Voyez les lettres 934 et 974.
  5. Virgile, Georg., I, 42.