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REMARQUES[1]
POUR SERVIR DE SUPPLÉMENT
À L’ESSAI SUR LES MŒURS ET L’ESPRIT DES NATIONS
ET SUR LES PRINCIPAUX FAITS DE L’HISTOIRE,
DEPUIS CHARLEMAGNE JUSQU’À LA MORT DE LOUIS XIII.

I. — COMMENT ET POURQUOI ON ENTREPRIT CET ESSAI.
RECHERCHES SUR QUELQUES NATIONS.

Plusieurs personnes savent que l’Essai sur l’Histoire générale des mœurs, etc., fut entrepris vers l’an 1740, pour réconcilier avec la science de l’histoire une dame illustre[2] qui possédait presque toutes les autres. Cette femme philosophe était rebutée de deux choses dans la plupart de nos compilations historiques : les détails ennuyeux, et les mensonges révoltants ; elle ne pouvait surmonter le dégoût que lui inspiraient les premiers temps de nos monarchies modernes : avant et après Charlemagne tout lui paraissait petit et sauvage.

Elle avait voulu lire l’histoire de France, d’Allemagne, d’Espagne, d’Italie, et s’en était dégoûtée ; elle n’avait trouvé qu’un chaos, un entassement de faits inutiles, la plupart faux et mal digérés : ce sont, comme on l’a dit ailleurs[3], des actions barbares sous des noms barbares, des romans insipides rapportés par Grégoire de Tours ; nulle connaissance des mœurs, ni du gouverne-

  1. La première édition, intitulée Remarques pour servir de supplément à l’Essai sur l’Histoire générale et sur les Mœurs et l’Esprit des nations depuis Charlemagne jusqu’à nos jours, 1763, in-8° de ij et 86 pages, contenait vingt-deux remarques. La onzième, du Sadder, a depuis été refondue dans le texte, ce qui réduit à vingt et une celles qui sont conservées en corps d’ouvrage. (B.) — Voyez Essai sur les Mœurs, chapitre v, tome XI, page 196.
  2. Mme la marquise du Châtelet. (Note de Voltaire.) — Cette note est de 1769. (B.)
  3. Siècle de Louis XIV, article Daniel ; voyez tome XIV, page 61.