Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome20.djvu/218

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
208
PHILOSOPHIE.

changer leur almanach grec. Ils ajoutèrent un jour de quatre ans en quatre ans à leur année fautive ; et Iphitus célébra ce changement par l’institution des olympiades.

On fut obligé de recourir au philosophe Méthon, qui en combinant l’année de la lune avec celle du soleil, composa son cycle de dix-neuf années, au bout desquelles le soleil et la lune revenaient au même point à une heure et demie près. Ce cycle fut gravé en or dans la place publique d’Athènes : et c’est ce fameux nombre d’or dont on se sert encore aujourd’hui avec les corrections nécessaires.

On sait assez quelle confusion ridicule les prêtres romains avaient introduite dans le comput de l’année.

Leurs bévues avaient été si grandes que leurs fêtes de l’été arrivaient en hiver. César, l’universel César, fut obligé de faire venir d’Alexandrie le philosophe Sosigène pour réparer les énormes fautes des pontifes.

Lorsqu’il fut encore nécessaire de réformer le calendrier de Jules-César, sous le pontificat de Grégoire XIII, à qui s’adressa-t-on ; fut-ce à quelque inquisiteur ? Ce fut à un philosophe, à un médecin nommé Lilio.

Que l’on donne le livre de la Connaissance des temps à faire au professeur Cogé, recteur de l’Université, il ne saura pas seulement de quoi il est question. Il faudra bien en revenir à M. de Lalande de l’Académie des sciences, chargé de ce très-pénible travail trop mal récompensé.

Le rhéteur Cogé a donc fait une étrange bévue quand il a proposé pour les prix de l’Université ce sujet si singulièrement énoncé : « Non magis Deo quam regibus infensa est ista quæ vocatur hodie philosophia. — Cette, qu’on nomme aujourd’hui philosophie, n’est pas plus ennemie de Dieu que des rois. » Il voulait dire moins ennemie. Il a pris magis pour minus. Et le pauvre homme devait savoir que nos académies ne sont ennemies du roi ni de Dieu[1].

SECTION III[2].

Si la philosophie a fait tant d’honneur à la France dans l’Encyclopédie, il faut avouer aussi que l’ignorance et l’envie, qui ont osé condamner cet ouvrage, auraient couvert la France d’op-

  1. Voyez le Discours de M. l’avocat Belleguier sur ce sujet ; il est assez curieux. (Note de Voltaire.) — Voyez les Mélanges, année 1773.
  2. Ajoutée dans l’édition in-4° de 1774. (B.)