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DU SIÈCLE DE LOUIS XIV.

étrangères ; il n’y fut porté qu’en 1705. Ce n’est point le testament qui est apostille, c’est une narration succincte composée par l’abbé de Bourzeis, à laquelle on avait, longtemps après, ajouté ce testament prétendu, et les notes marginales même, écrites de la main du cardinal, prouvent que cette narration succincte n’était pas de lui ; elles indiquent les omissions de l’abbé de Bourzeis, et ce qu’il devait résoudre. Voyez la réponse à M. de Foncemagne[1].

On attribue encore au cardinal de Richelieu une Histoire de la mère et du fils ; c’est un récit assez infidèle des malheureux démêlés de Louis XIII avec sa mère. Cette histoire, faible et tronquée, est probablement de Mézerai ; mais dans la multitude des livres dont nous sommes accablés aujourd’hui, qu’importe de quelle main soit un ouvrage médiocre[2]. Mort en 1642.

Rohault (Jacques), né à Amiens en 1620. Il abrégea et il exposa avec clarté et méthode la philosophie de Descartes ; mais aujourd’hui cette philosophie, erronée presque en tout, n’a d’autre mérite que celui d’avoir été opposée aux erreurs anciennes. Mort en 1675.

Rollin (Charles), né à Paris en 1661, recteur de l’Université. Le premier de ce corps qui a écrit en français avec pureté et noblesse. Quoique les derniers tomes de son Histoire ancienne, faits trop à la hâte, ne répondent pas aux premiers, c’est encore la meilleure compilation qu’on ait en aucune langue, parce que les compilateurs sont rarement éloquents, et que Rollin l’était. Son livre vaudrait beaucoup mieux si l’auteur avait été philosophe. Il y a beaucoup d’histoires anciennes ; il n’y en a aucune dans laquelle on aperçoive cet esprit philosophique qui distingue le faux du vrai, l’incroyable du vraisemblable, et qui sacrifie l’inutile. Mort en 1740.

Rotrou (Jean), né en 1609, le fondateur du théâtre. La première scène et une partie du quatrième acte de Venceslas sont des chefs-d’œuvre. Corneille l’appelait son père. On sait combien le père fut surpassé par le fils. Venceslas ne fut composé qu’après

  1. C’est-à-dire les Doutes nouveaux sur le testament attribué au cardinal de Richelieu (dans les Mélanges, à la date de 1764).
  2. Il est difficile de ne pas regarder cette histoire comme un ouvrage du cardinal de Richelieu. Elle renferme des anecdotes curieuses sur les premières années de Louis XIII, des détails particuliers au cardinal, écrits avec un air de naïveté et de franchise que Mézerai n’aurait pas saisi, et des opinions absolument opposées à celles de cet historien. Il n’en a paru que deux volumes ; le reste est demeuré entre les mains du gouvernement, ou chez les héritiers du cardinal. (K.)

    — Voyez sur l’Histoire de la mère et du fils, une note du chapitre xlvii de l’Histoire du parlement. (B.) — On peut consulter sur ces questions les articles de Sainte-Beuve au tome VII des Causeries du lundi.