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RÉSUMÉ DE CETTE HISTOIRE.

et sur les échafauds, pour des arguments de théologie, tantôt dans un pays, tantôt dans un autre, pendant cinq cents années, presque sans interruption ; et ce fléau n’a duré si longtemps que parce qu’on a toujours négligé la morale pour le dogme.

Il faut donc, encore une fois, avouer qu’en général toute cette histoire est un ramas de crimes, de folies, et de malheurs, parmi lesquels nous avons vu quelques vertus, quelques temps heureux, comme on découvre des habitations répandues çà et là dans des déserts sauvages.

L’homme peut-être qui, dans les temps grossiers qu’on nomme du moyen âge, mérita le plus du genre humain, fut le pape Alexandre III. Ce fut lui qui, dans un concile, au XIIe siècle, abolit autant qu’il le put la servitude. C’est ce même pape qui triompha dans Venise, par sa sagesse, de la violence de l’empereur Frédéric Barberousse, et qui força Henri II, roi d’Angleterre, de demander pardon à Dieu et aux hommes du meurtre de Thomas Becket. Il ressuscita les droits des peuples, et réprima le crime dans les rois. Nous avons remarqué[1] qu’avant ce temps toute l’Europe, excepté un petit nombre de villes, était partagée entre deux sortes d’hommes, les seigneurs des terres, soit séculiers, soit ecclésiastiques, et les esclaves. Les hommes de loi qui assistaient les chevaliers, les baillis, les maîtres d’hôtel des fiefs dans leurs jugements, n’étaient réellement que des serfs d’origine. Si les hommes sont rentrés dans leurs droits, c’est principalement au pape Alexandre III qu’ils en sont redevables ; c’est à lui que tant de villes doivent leur splendeur : cependant nous avons vu que cette liberté ne s’est pas étendue partout. Elle n’a jamais pénétré en Pologne : le cultivaleur y est encore serf, attaché à la glèbe, ainsi qu’en Bohême, en Souabe, et dans plusieurs autres pays de l’Allemagne ; on voit même encore en France, dans quelques provinces éloignées de la capitale, des restes de cet esclavage. Il y a quelques chapitres, quelques moines, à qui les biens des paysans appartiennent[2].

Il n’y a chez les Asiatiques qu’une servitude domestique, et chez les chrétiens qu’une servitude civile. Le paysan polonais est serf dans la terre, et non esclave dans la maison de son seigneur. Nous n’achetons des esclaves domestiques que chez les nègres. On nous reproche ce commerce : un peuple qui trafique de ses enfants est encore plus condamnable que l’acheteur ; ce négoce

  1. Chapitre lxxxiii.
  2. Voyez la note sur le chapitre lxxxiii.