castre les marques de la royauté, avec un écrit signé de sa main par lequel il se reconnaissait indigne de régner. Il l’était en effet, puisqu’il s’abaissait à le dire.
Ainsi le même siècle vit déposer solennellement deux rois d’Angleterre, Édouard II et Richard II, l’empereur Venceslas et le pape Jean XXIII, tous quatre jugés et condamnés avec les formalités juridiques.
Le parlement d’Angleterre, ayant enfermé son roi, décerna[1] que si quelqu’un entreprenait de le délivrer, dès lors Richard II serait digne de mort. Au premier mouvement qui se fit en sa faveur, huit scélérats allèrent assassiner le roi dans sa prison (1400) : il défendit sa vie mieux qu’il n’avait défendu son trône ; il arracha la hache d’armes à un des meurtriers ; il en tua quatre avant de succomber. Le duc de Lancastre régna cependant sous le nom de Henri IV. L’Angleterre ne fut ni tranquille ni en état de rien entreprendre contre ses voisins ; mais son fils Henri V contribua à la plus grande révolution qui fût arrivée en France depuis Charlemagne.
CHAPITRE LXXIX.
Une partie des soins que le roi Charles V avait pris pour rétablir la France fut précisément ce qui précipita sa subversion. Ses trésors amassés furent dissipés, et les impôts qu’il avait mis révoltèrent la nation. On remarque que ce prince dépensait pour toute sa maison quinze cents marcs d’or par an, environ 1,200,000 de nos livres. Ses frères, régents du royaume, en dépensaient sept mille marcs, ou 5,600,000 livres, pour Charles VI, âgé de treize ans, qui, malgré cette dissipation, manquait du nécessaire. Il ne faut pas mépriser de tels détails, qui sont la source cachée de la ruine des États comme des familles.
Louis d’Anjou, le même qui fut adopté par Jeanne Ire, reine de Naples, l’un des oncles de Charles VI, non content d’avoir ravi
- ↑ Ce mot se retrouve dans la même signification, au chapitre cxxxv.