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[transsept]
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ment avec la cathédrale de Langres[1]. La place de l’archevêque était en A et celle du maître autel en B. À la fin du XIIIe siècle, on commença la construction d’un pignon de bras de croix en ba. Ces travaux semblent avoir été longtemps suspendus, car ce n’est qu’au commencement du XVIe siècle que ce pignon fut achevé et que celui e f s’éleva au nord[2]. Alors les travées g, h, de l’église ancienne furent abattues, ainsi que les piles i, k, et l’on refit de grandes voûtes pour couvrir ce transsept trouvé aux dépens de ces deux anciennes travées. Ce fut probablement à cette époque que le chœur du chapitre s’allongea jusqu’aux piliers p, p ; car lorsque le transsept était à peine accusé par les deux chapelles orientées C, C, le clergé se tenait dans le rond-point ; la nef, jusqu’au devant de l’autel, était laissée aux fidèles.

Ne perdons pas de vue que les grandes cathédrales élevées à cette époque, c’est-à-dire de 1150 à 1200, s’éloignaient, par leur programme, autant que faire se pouvait, de la donnée des églises monastiques. Dans les cathédrales de la fin du XIIe siècle, pas de clôtures, peu ou pas de chapelles, le chœur de plain-pied avec le collatéral, relevé seulement de deux ou trois marches au-dessus de la nef[3]. L’évêque se réservait l’abside, tout le reste du monument était livré au public. Cette façon de démocratiser l’église, d’en faire la basilique de la cité, paraît surtout avoir été adoptée dans l’Île-de-France, et appartenir aux dernières années du XIIe siècle, car les cathédrales rebâties au commencement du XIIIe siècle, comme celles de Reims, de Laon, d’Amiens, de Chartres, ont été conçues avec des transsepts. Toutefois, jamais ces transsepts des cathédrales du Nord n’atteignent les dimensions relatives des transsepts d’églises conventuelles ; ils sont d’ailleurs moins variés dans leurs dispositions, en considérant comme des exceptions les rares transsepts dont les extrémités sont terminées en rond-point. Citons ceux des cathédrales de Tournay, de Noyon, de Soissons, qui ne sont pas postérieurs à la moitié du XIIe siècle[4].

Évidemment, le programme des églises monastiques, en ce qui regardait le transsept, varia suivant les ordres, suivant les provinces et le temps ; car, dans ces monuments, en France, nous découvrons des dispositions de transsepts très-différents, et c’est surtout dans les provinces de l’Ouest que les transsepts d’églises abbatiales prennent un développement relatif extraordinaire. Dans l’église abbatiale de Saint-Front de Périgueux (fin du Xe siècle), le transsept est égal, comme surface, à la nef et au chœur, c’est-à-dire que le plan présente une croix, dite

  1. Voyez Cathédrale, fig. 28 et 30.
  2. Voyez Cathédrale, fig. 30.
  3. À Notre-Dame de Paris, primitivement, le sanctuaire était de plain-pied avec son collatéral.
  4. Voyez la Monographie de la cathédrale de Noyon, par MM. Vitet et D. Ramée. Voy. aussi Architecture Religieuse, fig. 30 et 31 ; Cathédrale, fig. 7 et 10.