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[porte]
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Narbonnaise[1]. Cette porte et tout l’ouvrage qui s’y rattache avaient été bâtis par Philippe le Hardi, vers 1285, lorsque ce prince était en guerre avec le roi d’Aragon.

Nous présentons (fig. 18) le plan général de cette entrée, avec sa barbacane et ses défenses environnantes[2]. La porte Narbonnaise, indiquée en E, n’est pas munie d’un pont-levis ; elle s’ouvre sur le dehors de plain-pied, suivant une pente assez roide de l’extérieur à l’intérieur et d’après la méthode défensive de ces ouvrages. Les ponts mobiles n’existaient qu’en B, sur des piles traversant un large fossé en dehors de la barbacane A. L’arrivant, ayant traversé ce pont, se présentait obliquement devant la première entrée C de la barbacane, fermée seulement par des vantaux. Cette entrée C était flanquée par un redan D de l’enceinte extérieure, qui la commandait complétement. Un autre redan L, avec forte échauguette sur le rempart intérieur, commandait en outre, à portée d’arbalète, cette entrée C[3]. Se détournant vers sa gauche, l’arrivant se trouvait en face de la porte Narbonnaise, défendue par une chaîne, un mâchicoulis, une herse, des vantaux, un grand mâchicoulis intérieur G, un troisième mâchicoulis I, une seconde herse et une porte de bois. Deux meurtrières H sont percées sur le passage entre les deux herses, et dépendent de deux salles à rez-de-chaussée F, dans lesquelles on entre par les portes V. Ces salles sont encore percées chacune de cinq meurtrières. La partie attaquable des tours de la porte est renforcée par des éperons ou becs N, percés chacun d’une meurtrière O. Nous avons expliqué ailleurs[4] la destination spéciale de ces éperons ou becs. Ils obligeaient l’assaillant à s’éloigner de la tangente, et le plaçaient sous les traits des assiégés. Ils rendaient nulle l’action du bélier sur le seul point où l’assiégeant pouvait le faire agir avec succès. Percer la pointe de ces becs par des meurtrières au ras du sol extérieur, était encore un moyen d’empêcher l’attaque rapprochée.

Des salles F, on prenait deux escaliers à vis qui montaient au premier étage, d’où se faisait la manœuvre des herses. Sous ces salles sont pratiqués de beaux caveaux pour les provisions.

Des palissades de bois P empêchaient le libre parcours des lices entre les remparts extérieur et intérieur, et ne permettaient pas d’approcher du pied des courtines intérieures en M et en K. Les rondes seules pouvaient passer par les barrières N, afin de faire leur service de nuit. Une énorme tour, indiquée au bas de notre figure, et dite tour du Trésau[5], commandait ces lices, et servait encore d’appui à la porte Narbonnaise en battant les dehors par-dessus l’enceinte extérieure.

  1. Voyez l’article Architecture Militaire, fig. 11, et les Archives des monuments historiques.
  2. Ce plan est à l’échelle de 2 millimètres pour mètre.
  3. Voyez Échauguette, fig. 6.
  4. Voyez Architecture Militaire, fig. 24.
  5. Voyez Construction, fig. 149, 150, 151, 152, 153 et 154.