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LIMON, s. m. Est une pièce de bois rampante qui porte les marches d’un escalier à leur extrémité opposée au mur (voy. Escalier). Les limons de pierre n’étaient pas employés dans l’architecture du moyen âge, les révolutions des marches dans les escaliers à plan carré ou barlong étant alors portées sur des arcs, ce qui était beaucoup plus solide que le système de limons appareillés.

LINÇOIR, s. m. Terme de charpenterie. Pièce de bois posée horizontalement au-dessus des lucarnes ou des souches de cheminées pour recevoir les chevrons du comble.

LINTEAU, s. m. Bloc de pierre posé sur les jambages d’une porte ou d’une fenêtre pour fermer la partie supérieure. Dans la charpenterie, la pièce de bois horizontale qui remplit le même office s’appelle aussi linteau (voy. Fenêtre, Porte).

LIS (fleur de) Voyez Flore.

LIT, s. m. Surface horizontale de pose d’une pierre de taille. Chaque pierre de taille est comprise entre deux lits : le lit inférieur et le lit supérieur ; naturellement le lit supérieur d’une pierre reçoit le lit inférieur de celle qui vient au-dessus. Les Grecs posaient leurs matériaux taillés, marbre ou pierre, à joints et lits vifs, sans mortier. Dans le grand appareil, les Romains firent de même, et cela avec tant de perfection que, dans les constructions grecques et romaines élevées en pierres de taille ou en marbre, on aperçoit à peine la suture entre les blocs. Cette méthode a quelquefois été imitée pendant le moyen âge, particulièrement dans les contrées où il existait encore un grand nombre de monuments antiques, comme en Provence et dans le Languedoc ; mais l’imitation est fort loin d’atteindre la perfection de la taille antique en ce qui concerne les lits. Dans les provinces du centre et du nord de la France, on employa le mortier entre les pierres d’appareil depuis l’époque mérovingienne. Les lits de mortier sont fort épais du VIIe au XIIe siècle ; ils deviennent fins et réguliers à cette époque, reprennent une épaisseur qui varie de 0,01 c. à 0,03 c. au XIIIe siècle, lorsque l’on élève les grands édifices religieux, les châteaux et les palais ; puis s’amincissent de nouveau pendant les XIVe et XVe siècles, mais en conservant toujours une épaisseur de 0,01 c. au maximum. Quant aux lits taillés, ils sont planes, bien layés, sans flâches, depuis le XIIe siècle jusqu’au XVIe. Dans les constructions du moyen âge, les lits sont dressés avec autant de soin que les parements.

On appelle pierre posée en délit celle dont le lit de carrière est vertical au lieu d’être horizontal. Les matériaux calcaires se sont formés par une suite de dépôts marins, lacustres ou fluvials, et se composent ainsi d’une superposition de couches plus ou moins homogènes. Lorsque ces couches n’ont pas été fortement agglutinées par une circonstance naturelle, elles