Page:Viollet-le-Duc - Dictionnaire raisonné de l’architecture française du XIe au XVIe siècle, 1854-1868, tome 6.djvu/165

Cette page a été validée par deux contributeurs.
[larmier]
— 162 —

pratiqué au-dessous de la saillie formée par le membre saillant de la corniche ; par conséquent, l’eau pluviale, avant de quitter la pierre protectrice, suit la pente ab, le filet c, la doucine d et la face e. Ce principe est à peu près suivi pendant l’époque romane, et même souvent alors, le larmier faisant défaut, l’eau bave sans obstacle tout le long des profils jusqu’aux parements des murs que ces profils doivent protéger. Si l’école laïque de la fin du XIIe siècle soumettait toutes les parties de la construction à un raisonnement absolu, elle ne négligeait pas les profils ; pour l’exécution de ce détail, elle abandonnait les traditions romanes ; elle inventait des profils en raison des nécessités reconnues, comme elle inventait un système de construction appuyé sur de nouveaux principes. Cette école donna donc aux larmiers, c’est-à-dire aux assises protectrices des parements, le profil qui était le plus favorable au rejet des eaux.

Ce profil se composait (2) d’un talus A, terminé à sa partie inférieure par un coupe-larmes B nettement découpé. Si l’on voulait éloigner davantage la goutte d’eau du parement, on ajoutait une moulure sous le coupe-larme (3) (voy. Corniche). Ce principe fut suivi pendant les XIIIe, XIVe et XVe siècles ; vers ces derniers temps, on voulut donner plus de légèreté à ces talus, et, au lieu de les couper suivant un plan droit, on leur donna une forme concave (4).


Mais comme cet évidement affaiblissait la pierre, comme aussi le filet A paraissait épais à côté de cette surface courbe, on