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[chœur]
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un grand ratelier à sept cierges[1], qui remplaçait ainsi la trabes ou trabs[2] des églises primitives. Mais l’abside de la cathédrale de Lyon est dépourvue de bas-côté. La disposition du chœur et du sanctuaire devait être tout autre dans les églises, dont les absides, comme celles de nos grandes cathédrales du Nord, étaient accompagnées d’un bas-côté simple ou double. Alors le maître-autel était placé au centre de l’hémicycle, et l’évêque assistant prenait sa place en bas du chœur, qui était alors la place honorable ; les officiers s’asseyaient à droite et à gauche, sur des bancs, suivant leurs dignités, les derniers plus près du sanctuaire. Cet ordre était également suivi dans les églises abbatiales ; le siège de l’abbé était en bas du chœur, cette disposition se prêtant mieux que toute autre aux cérémonies.

Pendant la seconde moitié du XIIIe siècle, soit que les évêques eussent renoncé à conserver à leurs cathédrales les dispositions de vastes salles propres aux grandes réunions populaires, soit que les chapitres se trouvassent trop à découvert dans les chœurs accessibles de toutes parts, on établit d’abord des jubés en avant des chœurs, puis bientôt après des clôtures hautes, parfaitement fermées, protégeant des rangées de stalles fixes garnies de hauts dossiers avec dais. Les chanoines furent ainsi chez eux dans les cathédrales, comme les religieux cloîtrés étaient chez eux dans leurs églises monastiques. Mais cependant, il fallait, dans les cathédrales, que les fidèles pussent assister aux offices, ne pouvant voir les cérémonies qui se faisaient dans les chœurs fermés de toutes parts ; c’est alors que l’on éleva, dans les églises épiscopales, ces chapelles nombreuses autour des bas-côtés des chœurs et même le long des parois des nefs (voy. Cathédrale). La pensée dominante qui avait inspiré les évêques à la fin du XIIe siècle, lorsqu’ils se mirent à bâtir des cathédrales sur de nouveaux plans, fut ainsi abandonnée lorsqu’elles étaient à peine achevées, et, en moins d’un siècle, la plupart des chœurs de ces grandes églises furent fermés, les cérémonies du culte dérobées aux yeux des fidèles. Nous n’entreprendrons pas de rechercher ici ni d’expliquer les causes de ce changement. Nous nous contenterons de signaler le fait qui doit se rattacher, si nous ne nous trompons, à des discussions survenues entre les évêques et leurs chapitres, discussions à la suite desquelles les évêques durent céder aux vœux des chanoines, particulièrement intéressés à se clore[3].

  1. Voy. le Dictionnaire du Mobilier, au mot Herse.
  2. Poutre posée en travers du chœur, supportant des flambeaux, Voy. Trabes.
  3. « Le long de la clôture du chœur de Notre-Dame de Paris allant vers l’orient, » dit Du Breul, « on voit la figure d’un homme d’église, orné d’une dalmatique, à côté duquel ce qui suit est gravé :

    « Maistre Pierre de Fayel, chanoine de Paris, a donné deux cents livres pour ayder à faire ces histoires (qui décorent la clôture), et pour les nouvelles verrières qui sont sur le chœur de ceans. »

    Le don du digne chanoine indique assez que les chapitres tenaient à être bien clos.