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[chateau]
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« Trop riche porte i ot fermée[1]
« Qui sist sor la roche entaillie.
« De cele part fut la chaucie,
« Li fossez et li rolléis (les palissades, littéralement les bâtons).
« Et si fut li ponz levéiz[2]
« Si estoit assiz li chastiax
« Que parrière ne mangoniax
« Ne li grevast de nulle part :
« Por nul anging, ne por nul art
« Nel’poïst-on adamaigier,
« Tant k’il éussent à maingier
« Cil ki del chastel fussent garde,
« N’éussent de tot le monde garde.
« Moult fut estroite li antreie,
« Qu’ansi fut faite et compasseie,
« Par devant la haute montaigne ;
« I covient c’uns solx hom i veigne.
« J’ai dui ni vauroient ansamble[3].
« D’autre part devers l’aigue sambre,
« Por ceu k’il siet en si haut mont,
« Qu’il doie chéoir en .i. mont.
« De tant com om trait d’un quarrel
« N’aprochoit nuns hons lo chastel.
« Il i ot portes colléisces (herses),
« Bailles (enceintes extérieures), fossez et murz et lices[4],
« Trestot fut an roche antaillet.
« Moult i ot ferut et tailliet
« Ainçoiz ke li chastels fust fais ;

    « Li mur de maubre, de chaus et de sablon,
    « Et les tornelles où mainnent li baron.
    « Et li vivier où furent li poisson.
    « Si fort chastel ne vît onques nus hom ;
    « Là dedens ot sa sale et son donjon
    « Et sa chapelle por devant sa maison.
    « .......... »

  1. La défense de la porte est toujours considérée comme devant être très-forte.
  2. Les ponts-levis étaient assez rares au XIIIe siècle ; du moins ils ne tenaient pas encore aux ouvrages mêmes des portes, mais ils étaient posés en avant, à l’entrée ou au milieu des ponts, et se composaient d’un grand châssis mobile posé sur deux piles ou deux poteaux, roulant sur un axe et relevant un tablier au moyen de deux chaînes de suspension (voy. Architecture Militaire, Pont ).
  3. Une chaussée conduisait à l’entrée, qui était fort étroite. Deux hommes n’y pouvaient passer de front.
  4. On faisait une distinction entre les bailles et les lices, les premières étaient, comme nous l’avons vu au château d’Arques, une encloserie extérieure, une basse-cour, comme encore au château de Coucy ; les lices étaient les espaces laissés entre deux enceintes à peu près parallèles, entre les murs du château et les palissades extérieures.