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modifie, ce n’est pas dans son principe, mais dans les détails de son ornementation.

L’église abbatiale de Saint-Front de Périgueux avait été élevée, vers la fin du Xe siècle, à l’imitation de l’église de Saint-Marc de Venise (voy. Architecture Religieuse). Peu après, ou en même temps peut-être, on élevait l’église cathédrale de Périgueux[1] et l’église cathédrale de Cahors, toutes deux sans transsepts, et présentant seulement une seule nef avec abside.

Nous donnons (40) le plan de ce dernier édifice. Il se compose de deux coupoles portées sur six gros piliers, huit pendentifs et des arcs doubleaux. L’abside est voûtée en cul-de-four, et trois petites chapelles s’ouvrent dans le mur du sanctuaire.

L’église abbatiale de Saint-Front était plus étendue et plus riche que les deux pauvres cathédrales de Cahors et de la cité de Périgueux.

Dans les provinces de l’ouest, comme en Bourgogne, en Champagne, en Normandie, les églises abbatiales, pendant les Xe et XIe siècles, attiraient tout à elles ; mais si, dans les provinces du centre et de l’ouest, la renaissance épiscopale fut moins active au XIIe siècle que dans le nord et l’est, elle fit cependant de grands efforts, sans trouver une école d’architectes laïques toute prête à la seconder, et, dans les populations, un désir prononcé de se constituer en corps de nation. D’ailleurs, l’architecture romane de ces dernières provinces avait adopté, pour ses monuments religieux, un mode de construction durable, solide, qui excluait les charpentes et, par conséquent annulait les causes d’incendie ; et nous voyons que, dans le

  1. Nous désignons ici l’ancienne cathédrale de Périgueux et non la cathédrale actuelle, rétablie dans l’église abbatiale de Saint-Front.