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feu flanquantes, et neuf bouches à feu sur la face cintrée. Ce bastion peut avoir environ 130 mètres de largeur d’un flanc à l’autre, et 60 mètres de flèche à la base. La coupe transversale de cet ouvrage faite sur l’un des deux escaliers droits C est très-curieuse (10).


Les murs, de la base au sommet, tendent à un centre commun posé sur le prolongement de l’axe E, et les assises de maçonnerie sont perpendiculaires aux rayons, en formant ainsi un angle plus ou moins ouvert avec l’horizon, selon que les murs sont plus ou moins éloignés du centre de tout l’ouvrage : Albert Durer regarde ce moyen de construction comme présentant une grande cohésion, comme épaulant puissamment le noyau du bastion ; et il ne se trompe pas. Il établit un plancher de bois pour le service de la batterie supérieure, afin de faciliter le mouvement des pièces de canon. Les détails de cet ouvrage sont assez bien étudiés et expliqués ; la batterie casematée, outre ses embrasures F, est percée d’évents G pour la fumée et de cheminées H, afin d’obtenir un tirage. Le parapet supérieur est bâti suivant un arc de cercle en coupe, pour faire ricocher les boulets ennemis ; les embrasures sont munies de mantelets en madriers tournant sur un axe et masquant les pièces pendant que les canonniers sont occupés à les charger (voy. Embrasure). Ce bastion isolé peut tenir encore si la courtine est au pouvoir de l’ennemi ; on retrouve encore là un reste de la fortification du moyen âge ; et ce bastion est une bastille que l’on suppose moins prenable que les courtines. Le fossé est très-large, 200 pas, et sa cunette est creusée le long du bastion, ainsi que l’indique le profil général X, fig. 10. La contrescarpe du fossé est