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étoient ouvertes ; et cuidoient les seigneurs qui là étoient qu’il dût entrer dedans ; mais il n’en avoit nulle volonté. Ainçois quand il eut fait et hurté aux barrières, ainsi que voué avoit, il tira sur frein et se mit au retour. Lors dirent les chevaliers de France qui le virent retraire : Allez-vous-en, allez, vous vous êtes bien acquitté…[1] »

Il n’est pas besoin de dire qu’autour des camps on établissait des barrières (voy. Lice, Enclosure)[2]. Dans les tournois, il y avait aussi le combat à la barrière. Une barrière de cinq pieds environ séparait la lice en deux. Les jouteurs, placés à ses extrémités, à droite et à gauche, lançaient leurs chevaux l’un contre l’autre, la lance en arrêt, et cherchaient à se désarçonner ; la barrière, qui les séparait, empêchait les chevaux de se choquer, rendait le combat moins dangereux en ne laissant aux combattants que leurs lances pour se renverser. Ces barrières de tournois étaient couvertes d’étoffes brillantes ou peintes, et parfaitement planchéiées des deux côtés pour que les chevaux ou les combattants ne pussent se heurter contre les saillies des poteaux ou traverses.

Quant aux barres proprement dites, c’étaient des pièces de bois qui servaient à clore et renforcer les ventaux des portes que l’on tenait à fermer solidement. Les portes extérieures des tours, des ouvrages isolés de défense, lorsqu’elles ne se ferment que par un vantail, sont souvent munies de barres de bois qui rentrent dans l’épaisseur de la muraille. En cas de surprise, en poussant le vantail et tirant la barre de bois, on le maintenait solidement clos et on se donnait le temps de verrouiller. Voici (2) une des portes des tours de la cité de Carcassonne fermée par ce moyen si simple. Du côté opposé au logement de la barre est pratiqué, dans l’ébrasement de la porte, une entaille carrée qui reçoit le bout de cette barre, lorsqu’elle est complètement tirée : le vantail se trouvait ainsi fortement barricadé ; pour tirer cette barre, un anneau était posé à son extrémité, et, pour la faire rentrer dans sa loge, une mortaise profonde, pratiqué en dessous, permettait à la main de la faire sortir de l’entaille dans laquelle elle s’engageait (3). Les portes à deux vantaux des forteresses se barricadaient au moyen d’une barre en bois à fléau, comme cela se pratique encore aujourd’hui dans

  1. Les Chroniques de Froissart, liv. I, IIe partie, p. 618.
  2. En 1386, lors du projet d’expédition en Angleterre, « le connétable de France Olivier de Clisson fit ouvrer et charpenter l’enclosure d’une ville, tout de bon bois et gros, pour asseoir en Angleterre là où il leur plairoit, quand ils y auroient pris terre, pour les seigneurs loger et retraire de nuit, pour eschiver les périls des ré-