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la même coupe que celui de Bourges, mais beaucoup mieux étudiée, les rapports de proportion entre les deux bas côtés sont meilleurs (voy. Cathédrale), les fenêtres supérieures moins courtes, les chapelles rayonnantes prennent un plus grand développement, tout le système de la construction est plus savant. Mais un parti simple et large devait être adopté dans le domaine royal pour la construction des églises dès 1220. De même que dans les nefs, on remplaçait les doubles bas côtés étroits par un seul bas côté très-large, on renonçait également dans les ronds-points aux deux collatéraux qui obligeaient les constructeurs, comme à Chartres, comme à Bourges, comme au Mans encore, à ne donner aux chapelles rayonnantes qu’une médiocre hauteur. On sentait le besoin d’agrandir ces chapelles et par conséquent de les élever et de les éclairer largement. Si dans la Notre-Dame de Paris de Maurice de Sully, il a existé des chapelles absidales, ce qui est douteux, elles ne pouvaient être que très-petites et basses (voy. Abside). À Bourges et à Chartres ces chapelles ne sont encore que des niches propres à contenir seulement l’autel ; elles sont espacées et permettent au collatéral de prendre des jours directs entre elles. À Reims, à Amiens surtout, ces chapelles sont aussi hautes que le bas côté et profitent de tout l’espace compris entre les contre-forts recevant les arcs-boutants supérieurs ; elles empiètent même sur leur épaisseur (voy. Arc-boutant, fig. 60. Cathédrale). Alors plus de triforium entre l’archivolte d’entrée de ces chapelles et le formeret des voûtes du bas côté comme à Beauvais, dont le chœur est une exception, le triforium n’existe qu’entre les archivoltes du bas côté et l’appui des fenêtres hautes. Mais ici il nous faut encore retourner en arrière. Nous avons dit et fait voir par des exemples que le triforium, dans les églises bâties de 1160 à 1220, était percé dans les murs d’adossement des combles des bas côtés. Aux XIe et XIIe siècles il s’ouvre sur des galeries voûtées dans les édifices du centre de la France, tels que l’église de Notre-Dame-du-Port (fig. 10). Mais en Champagne, en Normandie, sur le domaine royal, le triforium est une claire-voie donnant simplement sous les charpentes des bas côtés et les éclairant (voy. Triforium) ; du milieu de la nef on pouvait donc apercevoir les fermes, les chevrons, et le dessous des tuiles de ces couvertures à travers les arcades du triforium, c’est ainsi dans les cathédrales de Langres, de Sens et dans beaucoup d’églises de second ordre. La vue de ces dessous de charpentes sombres n’était pas agréable, et les combles, ne pouvant être parfaitement clos, laissaient pénétrer dans l’église l’air et l’humidité. Pour éviter ces inconvénients, dès les premières années du XIIIe siècle, le triforium fut fermé du côté des charpentes par un mur mince portant sur des arcs de décharge, et ne devint plus qu’une galerie étroite permettant de circuler en dedans de l’église au-dessous des appuis des grandes fenêtres supérieures. Dans la nef de la cathédrale d’Amiens, à Notre-Dame de Reims, à Châlons, et dans presque toutes les églises du nord dont la construction remonte aux premières années du XIIIe siècle, les choses sont ainsi disposées. Mais au XIIe siècle on avait adopté un mode de décora-