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LES VOYAGEURS DU XIXe SIÈCLE.
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S’arrêter avec Dumont d’Urville à la Nouvelle-Galles serait inutile ; il consacre un volume tout entier de sa relation à l’histoire et à l’état de cette colonie en 1826, et nous en avons déjà parlé en détail. Mieux vaut quitter avec lui Sydney, le 19 décembre, et le suivre à la baie Tasman, à travers les calmes, les vents debout, les courants et les tempêtes, qui ne lui permirent d’atteindre la Nouvelle-Zélande que le 14 janvier 1827.

Aucune expédition n’avait encore fait connaître la baie Tasman, que Cook seul avait vue durant son second voyage.

Des pirogues portant une vingtaine de naturels, dont la moitié paraissaient être des chefs, accostèrent l’Astrolabe. Ils furent assez confiants pour monter à bord ; quelques-uns même y restèrent plusieurs jours. D’autres arrivèrent enfin, qui s’établirent dans le voisinage, et les échanges commencèrent.

Plusieurs officiers grimpèrent sur les hauteurs qui dominent la baie, au milieu de fourrés épais.

« Point d’oiseaux, dit d’Urville, point d’insectes, pas même de reptiles ; cette absence complète de tout être animé, ce silence absolu a quelque chose de solennel et de lugubre. »

Telle est l’impression pénible que produisirent ces tristes déserts.

Du haut de ces coteaux, le commandant avait aperçu une nouvelle baie, la baie de l’Amirauté, qui communiquait par un chenal avec celle où l’Astrolabe était mouillée. Il voulut l’explorer, car, de haut, elle lui avait semblé encore plus sûre que la baie Tasman. Mais à plusieurs reprises, les courants le mirent à deux doigts de sa perte. Si l’Astrolabe avait été jetée sur cette côte rocheuse et accore, l’équipage aurait péri tout entier, il ne serait par resté trace du naufrage. Enfin, après plusieurs tentatives infructueuses, d’Urville parvint à franchir cette passe en ne perdant que quelques fragments de la contre-quille du navire.

« Pour consacrer, dit la relation, le souvenir du passage de l’Astrolabe, je laissai à ce dangereux détroit le nom de passe des Français ; mais, à moins d’un cas urgent, je ne conseillerais à personne de le tenter…. Nous contemplâmes alors tout à notre aise le beau bassin où nous nous trouvions. Il mérite certainement tous les éloges que Cook en a faits, et je recommanderais surtout un joli petit havre, à quelques milles au sud de l’endroit où mouilla ce capitaine… Notre navigation par la passe des Français venait d’établir positivement l’existence comme île de toute la partie de terre qui se termine au cap Stephens de Cook. Elle se trouve divisée de Tavaï-Pounamou par le bassin des Courants. La comparaison de notre carte avec celle que dressa Cook pour le détroit montrera combien ses travaux laissaient à désirer…. »