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organismes vivants qui se trouvent sur le sol, et où le rôle décisif appartient au mécanisme de l’eau sur la terre ferme.


156. — L’eau de la Terre ferme se trouve en un mouvement incessant, faisant partie d’un processus cyclique géochimique. Ce cycle est suscité par l’énergie du Soleil, par ses rayons thermiques. L’énergie cosmique se manifeste par cette voie sur notre planète autant que par le travail géochimique de la vie. L’action de l’eau dans le mécanisme de toute l’écorce terrestre est absolument décisive et ce fait se manifeste avec le plus de netteté dans la biosphère. L’eau n’entre pas seulement en moyenne pour plus des deux tiers de son poids dans la matière vivante (§ 109), mais sa présence est une condition absolument nécessaire à la multiplication des organismes vivants, à la manifestation de leur énergie géochimique. C’est grâce à elle que la vie fait partie du mécanisme de la planète.

Dans la biosphère, ce n’est pas seulement l’eau qui ne peut être séparée de la vie, mais la vie non plus ne peut être séparée de l’eau. Il est difficile d’établir où finit l’influence de l’un des corps, l’eau, et où commence celle de l’autre corps, la matière vivante hétérogène.

Le sol est immédiatement englobé par le cycle géochimique de l’eau ; il en est saturé de fond en comble par les météores. Il est toujours pénétré dans toute sa masse par l’action dissolvante et mécanique des eaux superficielles. Ces eaux dissoutes s’emparent incessamment de ses parties riches en restes organiques sous forme de solution et de suspension. La composition de l’eau douce liée ainsi au sol est immédiatement déterminée par le chimisme du sol ; elle est une manifestation de son biochimisme. Le sol détermine ainsi nettement la composition essentielle de l’eau fluviale, où s’amassent en fin de compte toutes ces eaux superficielles.