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155. — Ces restes se concentrent dans les sols de la Terre ferme, qu’on ne peut cependant pas considérer absolument comme une matière brute. La matière vivante y atteint souvent des dizaines de centièmes en poids ; c’est la région où se concentre l’énergie géochimique maxima de la matière vivante, son laboratoire le plus important au point de vue des résultats géochimiques, du développement des processus chimiques et biochimiques qui s’y effectuent.

Cette région est, par son importance, analogue à celle des vases de la pellicule océanique du fond (§ 141), mais elle s’en distingue par la prédominance du milieu oxydant : au lieu de quelques millimètres ou de quelques centimètres d’épaisseur dans la vase du fond, ce milieu peut dépasser un mètre dans les sols. Les animaux fouisseurs sont ici également les facteurs puissants de leur homogénéisation.

Le sol est la région de l’altération superficielle énergique dans un milieu riche en oxygène libre et en acide carbonique, en partie formés par la matière vivante qui s’y trouve.

Mais par opposition au biochimisme subaérien de la Terre ferme, les formations chimiques du sol n’entrent pas en totalité dans les nouveaux tourbillons vitaux des éléments qui, selon l’expression imagée de G. Cuvier, constituent l’essence de la vie, ne se convertissant pas en formes gazeuses des corps naturels. Ils quittent temporairement le cycle vital et se répercutent dans un autre phénomène grandiose planétaire, la composition de l’eau naturelle, et l’eau salée de l’Océan.

Le sol est vivant tant qu’il est humide. Ses processus s’effectuent dans un milieu aqueux, solutions ou systèmes dispersés (colloïdes).

Par là, se détermine la différence de caractère distinguant la manifestation de la matière vivante du sol au point de vue de la chimie de la planète, de celle des