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gaz biogènes O2, CO2, H2O, N2, NH3, sont sur-le-champ englobés par l’échange gazeux de la matière vivante.

Il s’y établit un équilibre dynamique complet, grâce auquel l’énorme travail géochimique produit par la matière vivante terrestre, ne laisse après des dizaines de millions d’années d’existence, que des traces insignifiantes dans les corps solides qui construisent l’écorce terrestre. Les éléments chimiques de la matière terrestre vitale se trouvent en un mouvement incessant sous forme de gaz et d’organismes vivants.


154. — Une proportion insignifiante du poids des restes solides, mais qui atteint probablement plusieurs millions de tonnes, s’échappe annuellement de l’équilibre dynamique du cycle vital de la Terre ferme. Cette masse s’échappe sous forme de très fine poussière « traces » de « matière organique », formée principalement par des composés de carbone, d’oxygène, d’hydrogène, d’azote, dans une moindre quantité de phosphore, de soufre, de fer, de silicium, etc. Toute la biosphère est pénétrée par cette fine poussière dont une petite partie, encore indéterminée sort du cycle vital parfois pour des millions d’années.

Ces restes organiques pénètrent toute la matière de la biosphère, vivante et brute, s’accumulent dans tous les minéraux vadoses, dans toutes les eaux superficielles, et sont emportés dans la mer par les fleuves et les météores. Leur influence sur la marche des réactions chimiques de la biosphère est énorme et analogue à celle des matières organiques dissoutes dans les eaux naturelles, dont il a été question plus haut (§ 93). Les restes organiques vitaux sont pénétrés d’énergie chimique libre dans le champ thermodynamique de la biosphère ; en raison de leurs petites dimensions, ils donnent facilement des systèmes aqueux en dispersion, et des solutions colloïdales.