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sa partie principale a aussi passé sous une autre forme par la matière vivante terrestre (§ 156).


144. — Ces régions de concentrations vitales ont une influence analogue sur l’histoire d’autres éléments habituels de l’écorce terrestre, indubitablement sur celle du silicium, de l’aluminium, du fer, du manganèse, du magnésium, du phosphore.

Beaucoup de points restent obscurs dans ces phénomènes naturels complexes, mais le résultat final, l’importance immense de cette pellicule vitale dans l’histoire géochimique des éléments en question, ne fait pas de doute.

Dans l’histoire du silicium, l’influence de la pellicule du fond se manifeste par la formation de dépôts des débris d’organismes siliceux provenant en partie du plancton, en partie du fond, radiolaires, diatomées, éponges marines. En définitive, il s’y forme les plus grandes concentrations connues de silice libre, dont le volume atteint des millions de kilomètres cubes. Cette silice libre, inerte et peu sujette aux changements dans la biosphère, est un facteur chimique puissant, un porteur d’énergie chimique libre dans les enveloppes métamorphiques et magmatiques de la Terre, en raison de son caractère chimique acide d’anhydride libre.

On ne saurait douter de l’autre réaction biochimique qui s’y effectue, et dont il est encore malaisé d’élucider l’importance. C’est la décomposition par les diatomées et peut-être par les bactéries des aluminosilicates de structure kaolinique, aboutissant d’une part à la formation des dépôts dont il a été question plus haut, de silice libre, et d’autre part au dégagement des hydrates d’oxyde d’aluminium. Ce processus semble s’effectuer non seulement dans les vases marines mais, à juger d’après les expériences de J. Murray et R. Irvine,