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face de la mer, ininterrompue sur des centaines de milliers de kilomètres carrés, permet aux organismes verts du plancton de produire leur travail chimique aux heures où l’énergie lumineuse de l’astre central ne parvient pas jusqu’à eux.

La phosphorescence des organismes des profondeurs océaniques est-elle la manifestation nouvelle du même mécanisme ? S’y produit-il une recrudescence de vie en raison de la transmission de l’énergie cosmique du Soleil, à des profondeurs de plusieurs kilomètres au-dessous de la surface où, sans l’aide de ce mécanisme, l’énergie cosmique ne pourrait parvenir ? Nous l’ignorons. On ne doit toutefois pas oublier que les expéditions océanographiques ont rencontré des organismes vivants verts à des profondeurs dépassant de beaucoup la région de pénétration des rayons solaires. « Valdivia » rencontra l’algue Halionella vivante dans l’Océan Pacifique à une profondeur d’environ deux kilomètres.

Si la matière vivante était capable de transporter dans de nouveaux domaines l’énergie lumineuse du soleil, non seulement sous la forme de composés chimiques instables dans l’enveloppe thermodynamique correspondant à la biosphère (§ 82), c’est-à-dire sous forme d’énergie chimique, mais aussi sous la forme d’énergie lumineuse de formation secondaire, ce serait là l’indice dans l’histoire de la biosphère, provisoire peut-être, d’une petite extension du domaine principal de la photosynthèse, d’un ordre analogue à l’énergie lumineuse créée par la vie de l’humanité civilisée.

Cette nouvelle énergie lumineuse, que crée l’homme dans la biosphère, est utilisée par la matière vivante verte, mais elle ne se répercute dès maintenant que par des fractions insignifiantes dans la photosynthèse cosmique générale de la planète.