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soleil dans le domaine de la biosphère, privé de rayons solaires et de vie verte. Un grand nombre de ces organismes habitent exclusivement ces sombres régions de la biosphère. Il est ordinairement admis que ces organismes y ont pénétré de la surface terrestre éclairée par le Soleil et se sont graduellement adaptés aux nouvelles conditions de vie. On peut l’admettre, car l’étude morphologique du monde animal habitant les cavernes terrestres et les profondeurs marines, indique parfois de manière incontestable, que cette faune provient d’ancêtre ayant jadis habité les régions éclairées de la planète.

Les amas, les concentrations de vie, dénués d’organismes verts, acquièrent une importance particulière au point de vue géochimique. Ce sont : la pellicule vitale du fond de l’hydrosphère (§ 130), les parties inférieures des concentrations littorales océaniques, les pellicules vitales du fond des bassins aqueux de la terre ferme (§ 158). On verra le rôle immense joué par eux dans l’histoire chimique de la planète. On peut se convaincre cependant que leur existence est étroitement liée, d’une façon directe ou indirecte, aux organismes des régions vitales vertes. Il est non seulement possible d’établir la genèse de ces matières vivantes de second ordre, à partir des organismes habitant les parties de la planète éclairées par le Soleil, dans plusieurs cas, grâce à l’étude de leur morphologie, dans d’autres, grâce aux recherches paléontologiques : mais l’énergie solaire lumineuse constitue toujours le fondement de leur vie quotidienne.

L’existence même de la pellicule vitale du fond est en relation étroite avec les débris des organismes des régions supérieures de l’Océan, débris qui tombent au fond avant même d’avoir eu le temps de se décomposer complètement ou d’avoir été dévorés par d’autres organismes. C’est dans la partie de la planète